Décryptage
Les abris photovoltaïques pour volailles privés de tarif d’achat
NovaFrance Energy se bat depuis près de trois ans pour que les abris avicoles ouverts, nécessaires au bien-être animal, bénéficient à nouveau du tarif d’achat accordé à l’électricité photovoltaïque.

« Nous venons de terminer la construction d’abris photovoltaïques à volailles qui étaient éligibles à l’ancien tarif d’achat de l’électricité [S21, adopté en octobre 2021, ndlr]. En revanche, 900 abris photovoltaïques avicoles dont le permis de construire a été accepté chez environ 300 agriculteurs en France restent toujours en attente », se désole Yves Le Bel, président de NovaFrance Energy, société de développement de projets d’énergies renouvelables.
Nécessaires abris ouverts
Ces derniers ne sont en effet plus éligibles au tarif d’achat depuis la modification de l’arrêté tarifaire S21 du 18 février 2023, qui oblige que ces abris soient « clos ». Or, cette condition « est contraire au bon sens et antinomique » pour des volailles élevées en plein air. Ces dernières suivent l’ombre portée par l’abri pour se protéger du soleil et éviter un stress thermique, tout en bénéficiant de la circulation de l’air ambiant. L’Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (Itavi), avec lequel NovaFrance Energy travaille depuis trois ans, confirme les bénéfices de ces abris ouverts pour la thermorégulation des animaux en cas de grosses chaleurs, ce qui permet une baisse effective de la mortalité du cheptel.
« Depuis 2023, nous nous battons auprès du gouvernement pour faire reconnaître cette ineptie, raconte Yves Le Bel. L’Itavi a également écrit au ministère pour rappeler le risque sanitaire pour les volailles en abri clos. Tout le monde, y compris le gouvernement, est unanime sur l’aberration de cette condition d’un abri fermé pour être éligible aux tarifs d’achat de l’électricité, mais cela n’a jamais été modifié. »
« Erreur de rédaction »
« L’État juge peut-être que ces abris avicoles sont une niche, ce qui est le cas, poursuit Yves Le Bel, mais elle fait vivre une quarantaine de salariés au sein de NovaFrance et de très nombreux prestataires. Ces emplois sont désormais menacés. Notre idée de construire ces abris photovoltaïques financés par le tarif d’achat de l’électricité pour des agriculteurs qui n’ont pas les moyens de les financer sans cela a été tuée dans l’œuf pour une erreur de rédaction », regrette Yves Le Bel.
Parmi les projets en attente chez leurs clients agriculteurs, 70 % des abris ont une puissance inférieure à 100 kW, 20 % sont entre 100 et 500 kW, et 10% ont une puissance supérieure à 500 kW. « Les autres solutions tarifaires existantes, liées aux projets de plus de 500 kW, ne sont pas du tout adaptées à ces petits projets d’abris avicoles », relève Yves Le Bel qui n’a de cesse d’alerter l’État sur cette situation « absurde » afin de modifier la définition du S21. Sans résultat pour l’instant.


