Le tour de la question

Les retombées de la transition à Vienne-Condrieu

La communauté d’agglomération de Vienne-Condrieu, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, est territoire à énergie positive (Tepos) depuis début 2016. En trois ans, son action a déjà généré plus de 21 millions d’euros d’investissement, et ce n’est qu’un début.

PAR VINCENT BOULANGER - AVRIL 2020
Dans la nouvelle zone d’activité du Rocher, la solution retenue comprend l’équipement en panneaux photovoltaïques de tous les bâtiments qui seront installés. ©Engie

 

La communauté d’agglomération de Vienne-Condrieu est située à cheval sur le Rhône, entre les départements de l’Isère et du Rhône, à 30 km au sud de Lyon. Le territoire se compose de 30 communes et compte 90 000 habitants. Sa stratégie Tepos vise à atteindre l’autonomie énergétique d’ici 2050, de façon à “garder l’argent à la maison”. Aujourd’hui, le budget énergie de la communauté d’agglomération s’élève à 246 millions d’euros, dont 88 % sortent du territoire sous forme d’achat de gaz naturel, d’électricité ou de produits pétroliers. Seuls 12 % restent sur le territoire, soit 29 millions, grâce aux énergies renouvelables : 20 millions de vente d’électricité, 8 millions de vente de bois énergie, pompes à chaleur et solaire thermique, 0,62 million de taxes et contribution des entreprises.

Une dynamique déjà enclenchée

L’étude du potentiel d’énergies renouvelables révèle que le gisement éolien est quasi nul, en raison des fortes contraintes pesant sur le territoire, notamment les couloirs aériens de l’aéroport lyonnais Saint-Exupéry. En revanche, de nombreuses ressources solaires, de gaz et de chaleur renouvelables restent encore à exploiter. D’ailleurs, la subvention de l’Ademe et de la Région, accordée pour l’ingénierie de la stratégie Tepos (100 000 euros), a déjà porté ses fruits. Elle a permis à l’agglomération d’élaborer un dossier et d’être lauréate de l’appel à projets TEPCV, avec 2 millions d’euros à la clé. Cette somme a notamment servi à l’achat de véhicules bioGNV (trois bus et deux bennes à ordures), alimentés en biométhane par la station d’épuration de Vienne Sud, qui injecte dans le réseau de gaz depuis octobre 2017. Vienne-Condrieu a en outre rénové son éclairage et plusieurs équipements publics. Elle développe des projets de réseau de chaleur bois et énergie fatale, ainsi qu’un projet de méthanisation agricole (Agrométha) représentant à lui seul un investissement de 11 millions d’euros.
Au total, la stratégie Tepos a déjà déclenché plus de 21 millions, sans compter les investissements privés, dans le solaire notamment (voir tableau). Deux centrales photovoltaïques au sol sont en effet en projet, dont les montants sont confidentiels. De plus, un groupe de citoyens s’est constitué pour développer et construire des centrales photovoltaïques villageoises. « Une collectivité comme la nôtre a de nombreuses compétences en matière de petite enfance, d’approvisionnement en eau potable, de gestion des déchets, d’urbanisme, etc. rappelle Mustapha L’Haoua, responsable Transition énergétique et biodiversité de Vienne-Condrieu Agglomération. Notre enjeu est de créer un effet d’entraînement pour que les habitants et les acteurs économiques du territoire s’engagent à leur tour. »

Zone d’activité solaire

Le travail accompli ces trois dernières années n’est qu’un avant-goût de la transition en cours. Les élections municipales devaient amener de nouveaux élus aux manettes de l’agglomération. Ces derniers devaient définir trois programmes structurant pour l’avenir, devant aboutir à un véritable plan d’action de transition énergétique d’ici la fin de l’année : le Plan climat air énergie territorial, le Plan de mobilité et le programme local de l’habitat. La crise du Covid-19 gèle pour l’instant ce processus, mais pas la dynamique enclenchée.

Vienne-Condrieu s’est d’ailleurs déjà taillé une belle réputation avec l’initiative prise pour la construction de la nouvelle zone d’activité du Rocher, située à l’est de Vienne. « Cette zone d’activité compte 21 lots, pour lesquels nous imposons aux entreprises de mettre leur toiture à disposition pour l’installation d’une centrale solaire par Engie, l’opérateur retenu par notre appel à manifestation d’intérêt, explique Mustapha L’Haoua. Lors du compromis de vente, le propriétaire s’engage à mettre à disposition son toit et à se faire accompagner par Engie pour l’orientation du bâtiment et du toit. Engie investit dans la centrale, tandis que l’entreprise peut bénéficier de tarifs avantageux d’électricité, notamment grâce à l’autoconsommation. Mais elle ne perçoit pas de loyer pour la cession de sa toiture. Au bout de vingt ans, l’entreprise devient par contre propriétaire de la centrale pour 1 euro symbolique. » Mustapha L’Haoua avoue que l’établissement du cahier des charges n’a pas été de tout repos, notamment sur les plans juridique et assurantiel. Mais à ce jour, 25 territoires français ont souhaité le recevoir pour s’en inspirer. De plus, d’autres zones d’activité de Vienne-Condrieu voient spontanément naître des installations solaires. L’agglomération fait école.

Investissements réalisés à Vienne-Condrieu

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