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À Dijon, un quartier rénové à énergie positive
La Ville de Dijon vient d’inaugurer, via un projet européen, un quartier à énergie positive de 10 000 habitants avec l’une des plus grandes opérations urbaines d’autoconsommation photovoltaïque.

Fontaine d’Ouche, un quartier « politique de la ville » (QPV) de Dijon, est devenu en ce printemps 2025 un démonstrateur européen des villes intelligentes et neutres en carbone. « C’est un quartier (55 hectares, 10 000 habitants) comme on en voit beaucoup en France, construit dans les années 1960-1970, à l’époque où il n’y avait pas de normes thermiques. Notre idée, en participant au projet européen Response, n’était pas technique. Nous voulions montrer qu’il était possible de produire et de consommer notre propre énergie. Nous en produisions déjà en partie, et voulions être le plus possible en circuit court », explique Jean-Patrick Masson, conseiller municipal délégué à l’énergie, au patrimoine municipal et à la rénovation thermique des bâtiments.
Rénovation et autoconsommation
Lancé en septembre 2020 et inauguré fin mai 2025, ce projet a permis de réduire de 75 % les émissions de CO2 du quartier. Parmi les solutions mises en œuvre, la rénovation énergétique ambitieuse (isolation, menuiseries, ventilation performante) et l’installation de dispositifs intelligents (thermostats, capteurs de qualité d’air, pilotage automatisé du chauffage) ont permis d’atteindre 30 % d’économies d’énergie finale et une amélioration significative du confort des habitants.
« L’un de nos principaux enjeux en déployant ce projet a d’ailleurs été de le faire avec la population, pour ne pas rester dans quelque chose de techno juste pour se faire plaisir, poursuit l’élu. Quand est venue l’idée de l’autoconsommation pour l’électricité, les habitants ont été invités à se poser des questions sur leur consommation et à voir s’ils pourraient, et voudraient, consommer différemment. Au total, les équipements publics et 618 logements contribuent à la plus vaste opération d’autoconsommation collective de France [assurée par trois acteurs, la Ville de Dijon et deux bailleurs sociaux, ndlr], permettant à 1 100 habitants d’être acteurs de leur consommation d’énergie. »
Une gestion efficace
À l’arrivée, l’économie sur la facture devrait se situer autour des 60 euros par an pour les locataires concernés, en sus de la baisse liée à la rénovation thermique. Un système de gestion de l’énergie permet de gérer au mieux cette production d’électricité. L’ambition étant de prédire le plus finement possible production et consommation des jours suivants pour utiliser au mieux les moyens de stockage. Stockage réalisé dans des batteries de seconde vie (Sirea) issues de véhicules électriques ou dans des ballons d’eau chaude.
Pour Jean-Patrick Masson, l’une des clés du succès de ce quartier rénové rapidement – en plus du fait d’embarquer la population – réside dans la mobilisation de beaucoup de partenaires. Des partenaires européens pour échanger sur les solutions, mais aussi bien sûr locaux (universités, centres de recherche, entreprises, start-up, agences locales de l’énergie, associations…). L’élu indique que la Ville a déjà commencé à réfléchir pour dupliquer ce modèle sur les autres quartiers de Dijon.
En chiffres
- 36 millions d’euros au total (13,8 millions d’investissements pour les équipements publics, 16,7 millions pour les bailleurs, subvention européenne de 6,2 millions).
- 4 500 panneaux solaires (10 000 m², 2 MW) installés sur 5 bâtiments résidentiels, 3 groupes scolaires, 2 sites sportifs et des espaces de voirie et parkings.
- Réseau de chaleur alimenté à 83 % par des énergies renouvelables, contre 54 % avant le projet.