Stratégie
À Dunkerque, pas de parking pour les futures industries
La Communauté urbaine de Dunkerque a décidé d’interdire la construction de parking aux futures entreprises de sa zone industrielle. L’objectif est de favoriser un moyen de transport alternatif moins cher et moins polluant tout en favorisant l’accès à l’emploi et en évitant la surfréquentation des infrastructures routières.
L’agglomération dunkerquoise se réindustrialise. Plus de 20 000 emplois sont attendus d’ici 2030 avec l’implantation de toute une filière liée à l’électrification des usages. La zone industrielle située à une quinzaine de kilomètres du centre de la ville accueillera notamment la gigafactory de batteries électriques Verkor, dont la construction a déjà commencé. Une usine de recyclage de batteries ainsi que des usines agroalimentaires ou encore deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2 doivent être également construits. Aussi la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD) doit-elle repenser l’aménagement de son territoire et associer réindustrialisation et transition énergétique pour être en accord avec les directives nationales et européennes en matière d’énergie et de climat.
Repenser les mobilités
La CUD mène déjà des politiques de mobilité. Depuis septembre 2018, elle propose ainsi la gratuité totale des bus sur l’ensemble de son réseau. Cinq ans plus tard, la fréquentation a augmenté de plus de 125 % d’après la collectivité. Elle développe aussi le projet « usine sans parkings » : la CUD interdit la création de parkings aux nouvelles entreprises de sa zone industrielle.
Ce projet repose sur quatre principes. D’abord, il s’agit d’éviter la congestion des routes. « Avec le nombre de salariés attendus, même avec un réaménagement des infrastructures routières, il y aurait des bouchons », avance Adrien Barbaud, directeur Espaces publics et mobilités mutualisées à la CUD. Ce dernier met également en avant une facilité d’accès à l’emploi car « beaucoup ne sont pas véhiculés. Or, l’objectif est d’amener un maximum de personnes à l’emploi. »
À l’image de l’augmentation de la fréquentation du bus depuis sa gratuité, la CUD dit redonner du pouvoir d’achat aux salariés en interdisant les parkings. « Les moyens alternatifs qui seront mis en place seront moins coûteux que la voiture », affirme Adrien Barbaud. Enfin, le projet « usine sans parkings » permet de lutter contre l’artificialisation des sols. Cela entraînera aussi une baisse de l’utilisation de la voiture et donc une diminution de la pollution de l’air.
Une solution pour l’ensemble des salariés
Pour ce projet, la Communauté urbaine de Dunkerque travaille en collaboration avec une vingtaine d’entreprises et des organisations syndicales. Différentes infrastructures seront mises en place pour favoriser un transport alternatif. « L’année prochaine, des parkings relais seront construits afin de permettre aux salariés qui viendront de loin de garer leur voiture et de terminer leur trajet en bus. Cela évitera notamment les embouteillages », explique Adrien Barbaud.
Il y aura également des pistes cyclables pour aller de la ville à la zone industrielle et des bus gratuits provenant de Dunkerque et des villes aux alentours. « L’objectif est d’avoir une solution pour l’ensemble des salariés » affirme Adrien Barbaud. En partie grâce à ce projet de mobilité et aux mesures qui l’entourent, Dunkerque a été retenu pour l’appel à projets « 100 villes intelligentes neutres en carbone » lancé par la Commission européenne. Objectif pour les villes sélectionnées : atteindre la neutralité carbone d’ici 2030 afin de donner un exemple de ce qu’il est possible de faire aux autres villes de l’Union européenne.