Initiatives
À Estancarbon, l’autoconsommation collective a été coconstruite
Enercoop Midi-Pyrénées a travaillé en lien très étroit avec les habitants, les entreprises et les élus de ce territoire pour établir les règles d’un projet d’autoconsommation photovoltaïque collective. Explications.

À Estancarbon, petit village de 620 habitants de Haute-Garonne, trois parcs photovoltaïques – d’une puissance de 290 kW chacun –, dont un en autoconsommation collective, sont en fonctionnement depuis le printemps 2024. C’est Enercoop Midi-Pyrénées qui est à l’origine du projet. « Depuis 2018, dans une logique de réappropriation des questions d’énergie par les citoyens, nous développons ce genre de petits parcs sur des terrains dégradés, sans vocation agricole », explique Mathilde Galantucci, qui s’occupe de la communication et de la vie coopérative. « En l’occurrence, dans notre commune, nous avions trois parcelles sans valeur agronomique qui n’intéressaient pas les agriculteurs. Nous passions beaucoup de temps et d’énergie à les entretenir, ajoute Daniel Soupène, maire d’Estancarbon. Notre municipalité voulait dans le même temps concourir à la transition énergétique et à la décarbonation, donc la rencontre avec Enercoop a été très importante, et les valeurs que porte la coopérative nous ont incités à nous lancer dans l’aventure du photovoltaïque en autoconsommation collective [pour l’un des trois parcs, les deux autres sont en vente totale, ndlr]. »
Discussions collectives
Ce qui fait la spécificité de ce projet, c’est tout le travail mené par Enercoop Midi-Pyrénées avec les habitants. « Toutes les règles de fonctionnement ont été décidées conjointement avec eux, c’est la première fois que l’on tentait cela », poursuit Mathilde Galantucci. La coopérative a exclu seulement un paramètre des discussions : celui du prix. « Le kWh est vendu entre 0,08 et 0,10 euro, sans l’abonnement (1) et surtout les taxes que nous ne maîtrisons pas. Les autres thématiques ont été discutées collectivement. » Parmi elles : le périmètre de l’autoconsommation, la clé de répartition, la priorité donnée à tel ou tel type d’acteurs pour l’achat d’électricité… « Concrètement, cela signifie qu’il a été acté que les entreprises qui ne collaient pas à l’éthique de partage, de coopération et d’éducation populaire ne pourraient pas acheter l’électricité. » C’est le cas par exemple d’un supermarché environnant. En revanche, la Biocoop, les locaux du Sdis (service départemental d’incendie et de secours), la salle de sport, ou encore, côté bâtiments publics, la mairie et les écoles de plusieurs communes alentour ont été raccordées. Tout comme une vingtaine de foyers de particuliers.
Sensibilisation
« Pour cela, au préalable, nous avions engagé tout un travail de vulgarisation et de sensibilisation, capital pour bien faire comprendre ce qu’est l’autoconsommation collective », indique Mathilde Galantucci. Aujourd’hui, de nouveaux consommateurs peuvent bien sûr adhérer et acheter l’électricité produite par le parc en autoconsommation : toutes les potentielles entrées sont étudiées (profil de consommation, éthique si c’est une entreprise…) pour recalibrer la clé de répartition. « En faisant ainsi participer les citoyens, le développement a été un peu plus long qu’à l’accoutumée sur d’autres projets – autour de trois ans, contre plutôt un an et demi/deux ans –, mais ce modèle est pertinent et nous allons continuer à le développer. » Daniel Soupène, le maire, estime quant à lui que le déploiement a été simple, sans opposition. « Sans Enercoop en porteur de projet, je ne pense pas que nous nous serions lancés. »
(1) Pour rappel, en option base, le tarif réglementé d’EDF est fixé, en juin 2025, à 0,2016 €/kWh.
En chiffres
300 000 € d’investissement par parc, porté par Enercoop Midi-Pyrénées.
Taux d’autoconsommation du parc en autoconsommation collective : autour de 70 %.