À Évaux-les-Bains, les eaux thermales chauffent la ville

Jusqu’à il y a un peu plus d’un an, le complexe thermal d’Évaux-les-Bains, dans la Creuse, consommait d’une part beaucoup d’électricité pour refroidir les eaux des sources chaudes et les amener à bonne température pour les soins, et d’autre part 80 tonnes de gaz propane par an pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. Depuis novembre 2023, les consommations énergétiques du centre ont drastiquement diminué grâce à l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) eau/eau de 900 kW capable de faire du chaud et du froid.

« Auparavant, l’eau de source, qui sort avec un débit de 10 m³/heure et à une température de 58 à 60 °C, était refroidie grâce à une tour aéroréfrigérante qui avait le double inconvénient de consommer beaucoup d’électricité et de dissiper la chaleur dans l’atmosphère. Désormais, c’est la PAC, bien moins consommatrice en électricité, qui refroidit l’eau et récupère la chaleur pour assurer le chauffage et l’ECS du centre thermal », explique Thomas Bourlon, gérant du bureau d’études NB Énergie, assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) de la commune, qui détient le centre thermal.

Réseau de chaleur et de froid

Ce dernier n’est pas le seul à profiter de cette énergie gratuite. La PAC alimente en réalité un réseau de chaleur et de froid qui dessert un ensemble de bâtiments situés à proximité (800 mètres de réseau). Sont reliés le Grand Hôtel des thermes, la Résidence des sources qui comprend 14 studios et appartient à la commune, la piscine intercommunale, des logements HLM et bientôt un centre de bien-être qui doit ouvrir fin février. « Ce réseau de chaleur et de froid alimenté par un centre thermal est très innovant. Ce qui est intéressant, c’est que l’hiver, quand les besoins en chaud sont importants, les thermes sont fermés. Donc l’ensemble de la ressource en chaleur est disponible pour le chauffage », explique Thomas Bourlon.

Pour monter ce projet, Évaux-les-Bains a créé une « régie calorie ». La conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance (dit « contrat CREM ») sont assurées par NB Énergie (anciennement Missenard) pour dix ans via un marché global de performance énergétique qui engage l’exploitant à assurer un taux de couverture des besoins du réseau par les énergies renouvelables de minimum 80 %.

Si les premiers mois ont été l’occasion de quelques rodages, le taux de couverture sur le dernier semestre a dépassé les attentes et atteint le score de 85 %. « Il nous restera un peu de consommation de gaz, de l’ordre de 5 tonnes par an pour les maintenances et les secours », précise Jean-Claude Saintemartine, adjoint au maire d’Évaux-les-Bains, en charge des travaux.

Extension prévue

La commune a investi environ 2 millions d’euros sur lesquels elle a pu bénéficier d’1 million d’euros d’aide publique (dotation d’équipement des territoires ruraux et dotation de soutien à l’investissement local) et environ 600 000 euros de certificats d’économie d’énergie (CEE). Les 420 000 euros restants ont été financés par un emprunt. « NB Énergie nous reverse la part R24 [relative au financement des installations de production et distribution de chaleur, ndlr] des abonnements, ce qui couvre nos échéances, les assurances, etc. C’est une opération blanche pour la commune », commente Jean-Claude Saintemartine.

La première année d’exploitation ayant montré que de la ressource était encore disponible, une extension du réseau est à l’étude avec une concrétisation prévue pour début 2026.  « Elle devrait permettre de réduire encore le prix de l’énergie pour chacun des abonnés », explique Thomas Bourlon. Une barre HLM, le centre hospitalier, une maison de santé intercommunale et un château communal pourraient notamment être reliés. Pour réduire encore les coûts, l’AMO prévoit en outre de signer un contrat d’achat direct d’électricité de gré à gré (power purchase agreement) avec un fournisseur d’énergies renouvelables.