Initiatives
À Fourmies, le solaire est citoyen
Cette petite ville du Nord s’engage dans la transition énergétique en faisant participer les citoyens. Ainsi, trois installations photovoltaïques, dont deux en autoconsommation, ont été en partie financées par les habitants.
Mickaël Hiraux, maire de Fourmies, dans le Nord, a été élu pour la première fois en 2014. « Lors des premières réunions de la ville, qui compte 12 600 habitants, on m’a dépeint une situation assez difficile du territoire, avec notamment un taux de chômage à 34 % », se souvient-il aujourd’hui. Il prend rapidement connaissance de Rev3, la troisième révolution industrielle, large projet porté par la région Hauts-de-France. « On s’est dit qu’il fallait qu’on travaille sur ces sujets-là pour insuffler une dynamique. En 2015, nous avons donc recruté Marie Henneron, à présent directrice du projet Troisième révolution industrielle, pour travailler sur la gouvernance partagée, via la participation citoyenne, sur l’énergie, avec le pari de baisser nos consommations de 60 % d’ici à 2050, sur la mobilité et la transition numérique. »
Rénovation et installation solaire
La première action a consisté, en 2019, à rénover deux écoles. Au programme : réhabilitation thermique, travaux d’étanchéité à l’air et installation de pompes à chaleur à la place de la chaudière fioul. « L’objectif était de réduire le coefficient de l’énergie primaire de 64 % par rapport à l’état initial du bâtiment. Nous mettons en place, en ce moment, des outils de suivi des données de consommation pour vérifier cela », précise Arpan Dutta, chargé de mission énergie-mobilité au sein du service Troisième révolution industrielle. Pour compléter la rénovation, des panneaux photovoltaïques ont aussi été installés (98 kWc de puissance), avec revente de l’électricité. « Pour cela, nous avons fait le choix de faire participer les habitants. Différentes réunions ont ainsi été proposées pour les informer. Ce n’était pas forcément simple, puisque certains habitants sont dans des situations économiques compliquées, mais cela nous paraissait important de les embarquer dans cette transition énergétique. La souscription minimum était de 5 euros », poursuit le maire.
Autoconsommation collective
L’an passé, ce sont deux gymnases qui ont été équipés en solaire, en autoconsommation collective cette fois-ci. « Il a fallu batailler un peu puisque ce modèle n’est pas encore très répandu », indique Mickaël Hiraux. Les deux bâtiments producteurs redistribuent l’électricité sur six autres communaux. « Une économie d’environ 10 000 euros annuels sur la facture électrique pourrait être réalisée par cette opération », détaille Arpan Dutta. D’autres projets – en autoconsommation individuelle ou collective – sont sur les rails pour des nouveaux bâtiments et un écoquartier. « Un travail autour de la mobilité a aussi été lancé et un écoquartier va voir le jour en 2023. Le tout avec toujours l’idée de faire participer les habitants autant que faire se peut. Bien sûr, cela prend du temps et il faut être pédagogues, mais c’est absolument nécessaire. D’ailleurs, depuis quelques années, on sent que les habitants sont fiers de leur ville, les terrains se vendent mieux et le taux de chômage a baissé de 5 points par rapport à 2014 », conclut Mickaël Hiraux.
En chiffres
Installation solaire sur les écoles : 141 000 euros, dont 48 000 euros de participation citoyenne (66 prêteurs). Taux d’intérêt annuel.: 2,2 %. Production : 91 MWh/an.
Installations sur les gymnases. 171 000 euros, dont 56 000 euros des citoyens (117 prêteurs). Taux d’intérêt annuel.: 1,8 %. 92 MWh/an. Le taux d’autoconsommation peut atteindre 99 %.
Tous ces projets ont aussi reçu des subventions du programme Interreg 2 Mers Solarise, de la région (à hauteur de 70 % maximum au total) et une participation de la ville.