Décryptage
À Nice, bientôt un réseau de froid intelligent
Ce futur réseau, qui aura recours à la géothermie de surface exploitant la nappe des alluvions du Var, devrait couvrir les besoins en climatisation de 520 000 mètres carrés de logements, commerces et bureaux.

Quel est le projet ?
Le réseau de chaleur et de froid, qui devrait être mis en service en juin 2021, vise à répondre à l’ensemble des besoins thermiques de la ZAC Nice Méridia (24 hectares de logements, dont certains déjà occupés, bureaux, commerces et équipements) : un tiers de chaleur, un tiers d’eau chaude sanitaire et un tiers de froid. « Il y a un besoin de rafraîchissement des logements pour le confort d’été et de climatisation pour les bureaux », précise Yves Prufer, directeur de l’Agence de la performance énergétique, un service de la métropole Nice-Côte d’Azur.
Qui pilote ce projet ?
La métropole Nice-Côte d’Azur a la maîtrise d’ouvrage du projet ; l’Etablissement public d’aménagement Nice Écovallée mène l’opération d’aménagement de la ZAC et Idex – via une filiale dédiée, Méridia Smart Energie – exploitera (sous une délégation de service public) le réseau.
Comment cela va-t-il fonctionner ?
L’eau va être puisée par géothermie à 10 mètres de profondeur dans la nappe des alluvions du Var. Elle va être conduite par un réseau de canalisations jusqu’à une centrale de production et de
stockage. Cinq thermo-frigo pompes, alimentées en partie par la production de panneaux solaires, vont ensuite chauffer l’ensemble des bâtiments l’hiver (puissance 6,5 MW) et refroidir les immeubles d’activités tertiaires l’été (puissance 5,7 MW). « Les logements seront quant à eux rafraîchis grâce la récupération de l’énergie fatale, 1,4 GWh par an, utilisée pour produire le froid [le froid fatal, ndlr] », détaille Yves Prufer. La ZAC sera ainsi alimentée par 78 % d’énergies renouvelables et de récupération pour le froid.
Quels résultats pour les usagers ?
« Les habitants pourront rafraîchir leurs logements de 3 à 5°C par rapport à l’extérieur. Pour les bureaux, l’objectif est qu’ils soient chauffés à 19°C l’hiver et climatisés à 25, 26 ou 27°C l’été », souligne Yves Prufer. Les factures d’énergie seront également réduites d’environ 20 % par rapport à des solutions gaz ou électricité : autour de 60 euros HT le MWh pour le chaud, et 75 euros HT le MWh pour le froid.
Quels conseils pour mettre en place ce type de réseau ?
« Il est préférable d’avoir des activités complémentaires en termes de besoins (logements, bureaux, commerces…) pour différer les appels de puissance. Par ailleurs, l’idéal est vraiment de concevoir le quartier et le réseau simultanément, ce qui n’a pas été le cas ici. Cela permet de coordonner et optimiser les travaux et donc d’entraîner moins de gêne dans la ville », estime Yves Prufer, qui conseille aussi de se rapprocher de structures pour se faire aider. Parmi elles, la FNCCR, les réseaux smartgrids ou encore France urbaine. « Enfin, il est très important que la collectivité soit motrice et promeuve ce type de réseau, qui n’est pas encore entré dans les habitudes des promoteurs, qui vont davantage proposer des solutions traditionnelles (gaz, électricité) et parfois avoir des réactions négatives. »
Coût : 18,9 millions d’euros (subventions Ademe et région Paca : 6 millions d’euros).
Pour aller plus loin : le Guide pour des réseaux de froid durables (en anglais), publié par l’Agence internationale de l’énergie.