Stratégie
À Piolenc, la municipalité s’est battue pour la centrale solaire flottante
C’est la plus grande centrale solaire du genre installée aujourd’hui en France. La petite commune du Vaucluse n’a rien lâché pour voir ce projet sortir de l’eau… Explications.
En 2019, était inaugurée à Piolenc, dans le Vaucluse, la plus grande centrale solaire flottante de France. Mais ce que l’on ne sait pas forcément, c’est que l’histoire avait commencé bien avant… En 2008, le maire, Louis Driey, rencontre le dirigeant de l’entreprise Ciel et Terre – pionnière dans le secteur – qui lui soumet l’idée d’expérimenter l’installation de flotteurs solaires sur sa commune. Piolenc dispose en effet d’une ancienne carrière d’extraction de graviers, avec un plan d’eau de 50 hectares qui n’intéresse pas les pêcheurs.
Contraintes et surcoût
« La municipalité s’est rapidement montrée partante. Très vite, un permis est déposé, mais le projet va être rejeté trois fois par les appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie », raconte le maire. Quelques années après, en 2016, le développeur Akuo Energy rachète le projet pour le mener à bien. « Les contraintes rencontrées par Ciel et Terre étaient de deux ordres, à la fois administratives, puisqu’on était là sur une technologie innovante, et financières. Les banques n’étaient pas très partantes au vu du surcoût, que les tarifs d’achat d’alors ne pouvaient pas absorber totalement », explique Steve Arcelin, directeur d’Akuo Energy. Le groupe a alors travaillé sur un nouveau design des flotteurs afin de les rendre plus compétitifs. « Le conseil municipal a quant à lui voté pour poursuivre le projet et nous avons aussi négocié et revu un peu nos exigences par rapport au début pour faire baisser les coûts : ainsi, nous avons perçu un “bouquet” de départ de 400 000 euros pour la mise à disposition du plan d’eau et sommes partis sur une rente annuelle de 25 000 euros pendant cinquante ans », poursuit le maire. Le tout a permis de diminuer le surcoût de départ par rapport à une centrale classique, le faisant passer de + 50 % à + 25 %. Le projet est accepté par la CRE en 2017.
Participation citoyenne
Ce « bouquet » a permis à la commune de rentrer au capital du projet, à hauteur de 200 000 euros. Pour la municipalité, c’était indispensable, tout comme le fait que les habitants puissent participer. Ainsi, ils ont pu investir, via Akuo Coop, sur deux paliers de financement : de 50 à 1 000 euros ou de 5 000 à 80 000 euros. Au total, 550 personnes ont investi – dont 20 % d’habitants du Vaucluse et des communes limitrophes. Un financement a aussi eu lieu sur Énergie Partagée. «.L’acceptabilité du projet, qui était connu des Piolençois, a aussi été facilitée par des interventions de sensibilisation, que nous poursuivons, aux énergies renouvelables dans les écoles », poursuit Steve Arcelin. En sus, c’est Plüm qui rachète 50 % de la production des capteurs et les habitants bénéficient d’une réduction du prix de leur abonnement s’ils souscrivent auprès de ce fournisseur d’énergie verte. « Une façon de se rapprocher de l’autoconsommation », sourit le maire. Dans les trois ans à venir, 6 hectares de plus de capteurs seront installés. L’installation sera alors définitivement terminée, puisqu’il n’est pas possible de couvrir un plan d’eau à plus de la moitié de sa surface.
En chiffres
Centrale solaire flottante : 17 MWc de puissance totale, 47 000 panneaux solaires sur 17 hectares, 23 600 MWh de production solaire par an.
Budget total : 17 millions d’euros, dont 7 % venant des citoyens (participations à Akuo Coop et à Énergie partagée).