Initiatives
Agen sous le feu des lampadaires solaires
L’Agglomération d’Agen remplace au fur et à mesure ses points lumineux défectueux par des lampadaires photovoltaïques avec batterie, fabriqués par Fonroche Lighting. 5 500 sont prévus à fin 2027. Les économies d’énergie sont déjà au rendez-vous.
Pour réduire la facture d’électricité due à l’éclairage public, la communauté d’agglomération d’Agen joue sur trois leviers. L’extinction partielle pendant la nuit, le remplacement des anciennes ampoules par des LED et sa mesure phare : l’installation de plusieurs milliers de lampadaires photovoltaïques.
Économies substantielles
C’est l’entreprise Fonroche Lighting, également basée à Agen, qui a remporté le marché. Avec 44 communes et 101 200 habitants, la collectivité compte 20 000 points lumineux répartis sur 650 km2. Une étude spécifique pour l’éclairage solaire a montré qu’elle pouvait remplacer 8 060 d’entre eux par 7 080 lampadaires photovoltaïques, pour la même surface éclairée, « en changeant l’écartement ou en augmentant l’orientation ou la hauteur », explique Jean-Marc Gilly, vice-président de l’agglomération d’Agen en charge de l’éclairage public et de la voirie. Avec de nombreux avantages en termes d’économies du génie civil et de temps. « À une époque, les câbles électriques étaient enterrés sans être gainés. On ne peut donc pas les remplacer sans lever toute une rue ou un trottoir, ce qui représente un coût énorme et une gêne très importante », raconte Jean-Marc Gilly.
« Les frais de maintenance sont plus faibles sur le solaire » indique Christophe Enault, directeur général des services adjoint de l’agglomération d’Agen, ce qui implique des économies d’entretien. Et surtout, ces lampadaires solaires permettent des économies d’électricité. Non reliés au réseau, ils ne consomment pas de courant. Ils fonctionnent avec une batterie assurant l’éclairage nécessaire. Pour définir la puissance des panneaux et de la batterie ainsi que le positionnement et le type de lampadaires, le bureau d’études de Fonroche tient compte des contraintes et des besoins d’éclairage spécifiques à chaque projet (parking, voirie, rond-point…). Il se base aussi sur la journée où il y a eu le moins de soleil lors des dix dernières années.
Baisse de la facture d’électricité
Fin 2023, alors que près de 1 500 points lumineux photovoltaïques étaient déjà en fonctionnement, la collectivité a constaté « une évolution de la consommation d’électricité sur l’année de – 50 % en kWh, en tenant compte de l’extinction et des investissements [dans les lampadaires solaires, ndlr]. En termes de facture, en 2023 nous avons payé la même chose qu’en 2022 pour l’éclairage public, soit 1,5 million d’euros et ce, malgré une augmentation très forte du coût de l’électricité. En 2024, notre tarif d’électricité devrait diminuer de 40 %. Nous aurons alors une véritable baisse financière », assure Christophe Enault.
Certes, le lampadaire photovoltaïque avec batterie est plus cher à l’achat, en moyenne 2 000 € HT l’unité, ou 3 000 € en incluant la pose et la dépose de l’ancien. Mais il se révèle plus rentable sur le long terme, des travaux de génie civil pouvant être évités pour remplacer des luminaires défectueux. Ces résultats positifs ont motivé les élus à voter en décembre dernier une nouvelle enveloppe budgétaire pour ce projet. Au total, l’agglomération a engagé 15,752 millions d’euros sur le mandat 2020-2026 et 6 millions supplémentaires sur 2025-2027 pour rénover la moitié de son parc d’éclairage, dont les deux tiers pour le solaire. Elle escompte 30 % de financement par des fonds d’État type Fonds vert. Entre extinction et photovoltaïque, « en fin de mandat, nous devons pouvoir atteindre 70 % d’économies d’énergie », estime Christophe Enault.