Décryptage
Autoconsommation dans des logements sociaux à Alès : qui paie quoi ?
Le bailleur social Logis Cévenols a cofinancé une installation photovoltaïque en autoconsommation à Alès, dans le Gard, au bénéfice de la centaine de locataires. Avec quel modèle économique ?
Si les 600 m2 de panneaux photovoltaïques en toiture de la résidence de Rochebelle à Alès tiennent leur promesse, l’opération réalisée par Logis Cévenols aura tout du cercle vertueux. En 2016, cet Office public de l’habitat (OPH), rattaché à Alès Agglomération, a commencé par des travaux d’isolation thermique sur ce bâtiment tout électrique, construit il y a quarante ans et comportant une centaine de logements. « La consommation moyenne est passée de 269 kWh/m² à 95.kWh/m² », se réjouit Philippe Curtil, directeur général de Logis Cévenols. L’installation de 100 kWc a été mise en service fin avril 2019. Depuis, la production a permis de couvrir «.environ 40 % de l’électricité consommée de juin à septembre, avec des pics à plus de 60.% en été, et moins de 20 % en novembre-décembre », rapporte Philippe Curtil. La moyenne annoncée par l’OPH en amont du projet semble se confirmer, à savoir un taux d’autoproduction de 20 %. La répartition, par pas de temps de 30 minutes, s’effectue au prorata de la surface des logements, « un système développé par les équipes d’EDF », précise-t-il. Les ballons d’eau chaude jouent un rôle de batteries. La production solaire couvre aussi les charges communes telles que l’éclairage et les équipements techniques collectifs. Le système a été dimensionné pour ne pas avoir à injecter de surplus dans le réseau. Au total, la facture d’électricité de chacun des ménages (individuelle et part collective) pourrait être réduite de 188 euros par an.
Cette somme n’ira pas en totalité dans le porte-monnaie des locataires. Logis Cévenols a besoin de rembourser une partie de ses dépenses. L’installation photovoltaïque a coûté 200.000 euros, dont 40 % ont été pris en charge par le Conseil régional d’Occitanie et l’Ademe. L’OPH a donc investi 120.000 euros. Chaque année, il doit aussi payer les dépenses d’exploitation (maintenance, assurances, taxes…). Pour compenser ces dernières, le bailleur va augmenter les charges communes de 55 euros par an et par logement. Pour ce qui est de l’investissement, un accord a été trouvé avec les locataires, regroupés au sein d’une association créée à cet effet. « Nous portons l’intégralité du coût résiduel, au moins pendant trois ans. Quand il sera démontré que le système profite au locataire, nous prévoyons de financer la moitié de l’investissement sous forme d’une augmentation de loyer de 33 euros par logement et par an. Celle-ci ne se fera donc pas avant mai 2022 et un bilan de l’installation », assure le directeur général de Logis Cévenols. Au final, en prenant en compte l’augmentation des charges et des loyers, ainsi que la baisse des factures d’électricité, chaque logement devrait bénéficier d’un gain net de 100 euros par an. Cette économie devrait croître avec l’augmentation du prix de l’électricité, qui va agrandir l’écart entre le kWh gratuit et le kWh payant.
Pour l’OPH, l’amortissement est prévu sur quinze ans. Le montant de l’augmentation des loyers, 33 euros par an, multiplié par 100 logements sur cette période, représente près de 50 000 euros. Le reste à charge sera donc de 70 000 euros. « Logis Cévenols portera sur ses fonds propres près de 60 % du coût résiduel hors subvention », confirme son directeur général. Un investissement justifié selon lui. « Logis Cévenols entend être un bailleur exemplaire en matière de maîtrise des dépenses énergétiques. C’est déjà largement le cas puisque 99,7 % de notre parc de 6 000 logements est classé A, B ou C dans les diagnostics de performance énergétique (DPE). Cet investissement constitue aussi pour nous un soutien pour louer les logements de cette résidence tout électrique, dont les représentations ont un effet fréquemment négatif en matière de montant supposé des dépenses de chauffage. »