Initiatives
Calorie Kehl-Strasbourg, un projet transfrontalier de récupération de chaleur fatale
Le projet Calorie Kehl-Strasbourg est porté depuis 2018 par l’Eurométropole de Strasbourg. Il consiste à récupérer la chaleur produite par les aciéries de Kehl, les Badische Stahlwerke (BSW), pour alimenter son réseau de chauffage urbain. 80 GWh pourraient être exploités chaque année.
Sur le pont de l’Europe et la passerelle des deux rives, automobilistes et piétons circulent librement entre Strasbourg et sa voisine allemande Kehl. D’ici 2028, d’autres passages, souterrains cette fois, relieront les villes voisines, dans un ambitieux projet transfrontalier. Calorie Kehl-Strasbourg, une initiative lancée en 2018, réunit six partenaires français et allemands : l’Eurométropole de Strasbourg, la région Grand-Est, la Caisse des dépôts et consignations, la ville de Kehl, le Land du Bade-Wurtemberg et les aciéries Badische Stahlwerke (BSW).
6,5 km de conduite d’eau à 150 °C
Objectif du projet : récupérer la chaleur fatale produite dans les aciéries BSW pour alimenter en chaleur près de 8 000 foyers de l’Eurométropole. Concrètement, les fours à arc électrique produisent une chaleur résiduelle pouvant atteindre 1 600 °C. Les calories des gaz de combustion seront récupérées via un échangeur thermique et transférées à une conduite d’eau. L’eau à 150 °C circulera des aciéries au port de Kehl, traversera le Rhin via un micro-tunnel avant d’atteindre, après 6,5 km, les foyers du quartier de l’Esplanade, à Strasbourg. En 2028, l’ouvrage devrait permettre une production de 80 GWh/an, et une économie de CO2 d’environ 20 000 tonnes par an.
Actionnariat partagé
Pour organiser ce projet transfrontalier, une coopération franco-allemande a réuni la région Grand-Est et le Land du Bade-Wurtemberg, l’Ademe et son pendant allemand, la Deutsche Energie-Agentur (Dena), et les ministères nationaux et fédéraux. Une société d’économie mixte de droit français, Calorie Kehl-Strasbourg, a vu le jour en 2022 pour coordonner le projet. L’Eurométropole en est l’actionnaire principal, détenant 46,75 % du capital social. Viennent ensuite le Baden-Württemberg, la ville de Kehl, et la région Grand Est, avec 12,75 % chacun, et la Caisse des dépôts, avec 15 % des parts.
Calorie Kehl-Strasbourg dispose d’un capital propre d’environ 4,2 millions d’euros. « La BSW détient une action symbolique, lui permettant de siéger au conseil d’administration et de participer à la prise de décision, indique Sabine Schimetschek, directrice de la SEM Calorie Kehl-Strasbourg. Le budget total du projet devrait s’élever à 47 millions d’euros. » Il reposera, entre autres, sur le capital de Calorie Kehl-Strasbourg, sur un financement de 10 millions de l’Ademe, de 5 millions de l’Office fédéral de l’économie et du contrôle d’exportation, de 3,45 millions de la part du ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie, de 2 millions du programme européen de coopération territoriale Interreg et de 8 millions d’euros de la part des aciéries.