Portrait

Comment améliorer le taux d’occupation des véhicules ?

1,06. C’est le taux d’occupation des véhicules en France pour les trajets longs du quotidien. Pour le faire augmenter et si l’on veut répondre aux enjeux de transition écologique, il faut changer rapidement de paradigme. Entretien avec Rémi Bastien, président du pôle de compétitivité NextMove et expert automobile.

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - JUIN 2022
Rémi Bastien, président du pôle de compétitivité NextMove et expert automobile. ©Rémy Bastien

Vous appelez dans une tribune du Monde à une « révolution autour du modèle obsolète de la voiture individuelle ». Pourquoi ?

Le changement climatique est désormais plus qu’en route. Les COP se succèdent et n’ont pas déclenché de grands changements concernant le transport. Il est important de rappeler quelques chiffres : le transport représente 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France, dont la moitié proviennent de la voiture individuelle. Dans les contributions de l’automobile, près de 60 % sont liées aux trajets longs du quotidien, c’est-à-dire aux trajets (de travail la plupart du temps) de plus de 10 kilomètres aller. Il y a donc un effort évident à fournir sur ce front.

À quoi sont dues ces émissions ?

Nous avons réalisé une traduction de la fameuse équation de Kaya en termes de CO2 et mobilités. L’origine des émissions de gaz à effet de serre a été décomposée en plusieurs facteurs. Les deux premiers sont liés au véhicule, à savoir l’intensité carbone de l’énergie utilisée et l’efficacité de la voiture en termes d’énergie. Un gros 4×4 est par exemple plus gourmand qu’un petit véhicule électrique. Les deux autres sont des facteurs d’usage : le taux d’occupation (plus il augmente, moins il y a de véhicules pour faire la même distance) et la distance parcourue. Il est donc essentiel de ne pas se limiter aux deux premiers facteurs, mais de jouer aussi sur les facteurs d’usages.

Quel est le taux d’occupation des véhicules ?

En France, il est de 1,06 pour ces trajets longs du quotidien (c’est à peu près pareil en Europe, avec 1,1) et de 1,3 tous trajets confondus. À titre de comparaison, il monte à 2 pour les déplacements loisirs/vacances. Il faut donc porter l’effort sur les trajets longs du quotidien. Depuis des années, les politiques publiques se sont concentrées sur les déplacements à l’intérieur des villes (en mettant en place des bus, métros, tramways…) et sur les trajets grandes distances, entre grandes et moyennes villes. Tout le reste du territoire et des trajets est négligé, comme l’explique très bien André Broto (expert des mobilités routières, ndlr) dans son ouvrage récent Transports : les oubliés de la République

Comment peut-on agir sur ce taux d’occupation ?

L’un des moyens d’agir, c’est bien sûr l’autopartage, qui est facilité depuis quelques années pour les trajets du quotidien par l’instauration des lignes de covoiturage organisé. Ainsi, selon Ecov, opérateur de mobilité qui déploie des lignes de covoiturage dans les territoires peu denses, le taux d’occupation sur ses lignes établies – 55 aujourd’hui – est de 2,5 à 3. C’est une solution simple à mettre en place par les collectivités. Elles évitent ainsi le déploiement d’un réseau de transport public et peuvent prévoir en sus des plateformes pour les reports modaux (parkings vélo…). Le transport à la demande, souvent peu connu, est aussi une solution pour décongestionner les routes. À Rouen par exemple, le dispositif Filo’R a été instauré. On sait que 15 % de personnes qui l’utilisent ne prennent plus leur voiture.

Et sur la distance parcourue, quelles actions peuvent être déployées ?

Je citerai notamment la start-up 1 km à pied, qui a développé une solution – via un logiciel de services – pour les entreprises multisites, afin de les aider à relocaliser des employés sur le site le plus proche de leur domicile. C’est ce qu’a fait une enseigne de la grande distribution. Sur 1 000 salariés, 150 travaillent désormais sur la plateforme à moins de 6 km de chez eux, ce qui représente pour chacun une économie de 1 500 euros annuels et un gain de plus de 700 tonnes de CO2 par an pour l’entreprise.

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