Le tour de la question
Comment arbitrer le futur des parkings ?
Les parkings représentent une réserve foncière importante pour les grandes métropoles. Ils sont très sollicités pour l’aménagement urbain et les politiques publiques les concernant peuvent parfois entrer en interférence. La Métropole de Bordeaux a développé une méthode innovante pour orienter l’utilisation de ces espaces : le projet « parking en transition ».

Au sein des métropoles, les parkings sont un élément central de l’aménagement urbain. La réserve foncière qu’ils représentent est une aubaine pour les projets d’urbanisme des différents services internes. Plus précisément, ils représentent un potentiel de densification sans artificialisation nouvelle et un levier pour atteindre l’objectif du « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050 fixé par la loi Climat et résilience. En effet, le ZAN exige que chaque nouvelle surface imperméabilisée soit compensée par la renaturation de sols artificialisés. La construction sur une zone déjà artificialisée comme un parking élimine donc le besoin de compensation. D’un autre côté, les parkings sont concernés par la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (Aper). Cette dernière impose l’implantation d’ombrières sur au moins 50 % de la superficie des parkings extérieurs de plus de 1 500 m2.
Arbitrer la gestion des parkings
Au sein même d’une métropole, dynamique et complexe, différents projets d’aménagement de parkings, en lien avec les lois ou non, entrent en interférence du fait d’un développement indépendant les uns des autres ou par manque de communication. La métropole de Bordeaux a par conséquent développé une méthode pour statuer sur la fonctionnalité de chaque parking dans les années à venir. « L’objectif est de savoir quelle est la vocation de mon parking à court, moyen et long termes, explique Boris Cambazard, responsable du service Autorité organisatrice de l’eau et de l’énergie à la métropole de Bordeaux. Si je solarise mon parking, cela fige sa vocation sur trente ans. Et si je ne le fais pas, il faut que je le justifie au titre de la loi Aper. » La question est donc d’arbitrer la gestion des parkings.
Pour gérer au mieux cet arbitrage, la métropole de Bordeaux a lancé le projet « parking en transition », « car ce sont des parkings qui vont potentiellement évoluer vers autre chose comme un parking silo [à étages, ndlr] ou un espace vert… Ou une installation photovoltaïque pendant trente ans et autre chose après. Il y a une forme de transition de la fonction de parking », formule Boris Cambazard.
Mettre en place des comités de pilotage
La métropole de Bordeaux compte environ 130 parkings publics et plus de 2 000 parcs privés. Au sein de l’institution, « il y a une multitude de services et chacun veut faire son projet et pousse pour avoir le foncier. Il y a une compétition d’usages vertueux d’aménagement de ces surfaces. » La collectivité a donc créé un comité de pilotage au niveau de la Direction générale des services (DGS). « Tous les parkings doivent être arbitrés au plus haut niveau de la métropole », explique Boris Cambazard. L’objectif est également de simplifier le partage de l’information et des décisions entre les services.
Pour ce faire, un logiciel répertorie l’intégralité des parkings et chaque service qui les gère. Il trace également l’entièreté des décisions d’aménagement qui ont été prises afin de savoir si une ombrière peut être installée ou si un autre projet a déjà été lancé. « Notre objectif est de solariser 13 % des surfaces parkings pour respecter notre Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) », précise Boris Cambazard. Car l’objectif final du projet est de savoir si les parkings peuvent être solarisés, de passer au stade de la mise en œuvre et de tracer les décisions et les dérogations à la loi Aper.