Stratégie

Comment faciliter la mobilité décarbonée des publics précaires ?

En Auvergne Rhône-Alpes, 17 acteurs locaux se sont regroupés pour imaginer des solutions aux déplacements des personnes en difficulté, notamment en zone rurale, qui pourraient toucher jusqu’à 600 000 habitants.

PAR CHRISTEL LECA - JUILLET 2019
Sur le stand écomobilité de la communauté de communes Cœur de Savoie en septembre 2017, présentation d’alternatives à la voiture individuelle et formation de remise en selle (PEnD-Aura). Crédit: © CC Cœur de Savoie

Dix-sept territoires d’Auvergne Rhône-Alpes se sont regroupés autour d’Auvergne Rhône-Alpes Energie Environnement (Aura-EE) et d’un programme validé par le ministère de la Transition écologique sur la valorisation des certificats d’économie d’énergie (CEE). Nommé PEnD-Aura+, il a pour objectif de massifier un programme expérimental lancé en 2016 (PEnD-Aura) qui avait permis d’accompagner 4 000 personnes, d’en sensibiliser 30 000 et d’identifier les freins et leviers pour réduire l’empreinte énergétique des déplacements de personnes isolées, exclues des solutions existantes de déplacement.

Une multitude d’acteurs

PEnD-Aura+ a levé 6 millions d’euros, financés à 100 % par les CEE de deux obligés : Total et Petrovex (filiale du groupe Auchan pour la distribution de carburant). Les territoires concernés vont de l’Ain à l’Ardèche, en passant par la Chartreuse, l’Isère, la Savoie, le Genevois français, les Monts du Lyonnais, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et la Drôme, représentés par des communautés de communes, des conseils départementaux, des agences locales de l’énergie, mais aussi des associations d’insertion travaillant avec les collectivités locales. Mise à disposition de vélos à assistance électrique et de voitures électriques, vélo écoles, développement du transport à la demande solidaire, de l’autopartage et du covoiturage, formation des acteurs sociaux aux solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle, formation à l’écoconduite… si la majorité de leurs 31 actions porte sur la sensibilisation et la communication, les acteurs sont conscients que la question des déplacements va au-delà des changements de comportement.

François Bernigaud, du cabinet MI Conseil, estime que « le covoiturage ne décolle pas : il nous faut savoir où sont les freins et comment les lever ». Et de faire référence aux milliers de sièges qui circulent à vide dans les voitures individuelles, un peu partout sur les territoires. « Ce “marché du siège” est une ressource inexploitée : nous devons mettre des fesses dessus ! » C’est ce que le cabinet va tenter de faire pour le conseil départemental de la Drôme, avec Mobicoop (site de covoiturage libre, sans commission et coopératif), à destination des publics les plus précaires, tout en étant conscient que la transition énergétique des déplacements dépasse la création de plateformes de covoiturage : « il s’agit bien entendu d’organiser les déplacements autrement, que ce soit en termes d’horaires de travail ou d’aménagement du territoire ». Un prérequis que la communauté de communes des Monts du Lyonnais a également bien senti, puisqu’elle va notamment cibler deux zones d’activités et travailler avec des salariés et employeurs pour booster le covoiturage. « La question des horaires de travail doit se poser si l’on veut organiser le covoiturage sur une zone d’activités, admet Marie-Pierre Guicherd, chargée de mission mobilité. Mais d’autres questions se posent sur nos territoires : nos habitants travaillent à l’extérieur alors qu’ici, des entreprises peinent à recruter. Nous voulons travailler sur la mobilité comme la non-mobilité. »

L’usage du vélo, également ciblé 

Autour de Clermont-Ferrand, c’est une association, FIT (Formation insertion travail, acteur de l’insertion par l’accès à la mobilité et la maîtrise de la langue française dans le Puy-de-Dôme et en Haute-Loire), qui va développer des vélo-écoles à l’attention des publics précaires, en lien avec le Syndicat mixte des transports collectifs clermontois. « Un schéma cyclable est en cours d’élaboration dans l’agglomération », explique Pascal Grand, directeur de FIT, « il faut accompagner tous les publics pour développer l’usage du vélo en parallèle ».

D’ici deux ans, au terme du programme, « nous chercherons à développer des outils de financement propres afin d’assurer la pérennité des actions menées », précise Didier Château, directeur d’Aura-EE.

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