Le tour de la question
Comment les collectivités peuvent-elles optimiser leur mix énergétique dans les projets d’aménagement ?
Valoriser des ressources déjà présentes sur le territoire, limiter les impacts… L’Ademe et GRDF proposent, via un guide, des pistes aux collectivités, acteurs de l’énergie et aménageurs pour conjuguer aménagement opérationnel et énergie.
« Les acteurs de l’aménagement et de l’énergie ne sont pas toujours habitués à discuter et travailler ensemble. L’idée de ce guide est donc, comme son nom l’indique, de conjuguer aménagement opérationnel et énergie, en intégrant le paramètre énergétique à chaque étape d’une opération d’aménagement. Il a été réalisé en se fondant sur des retours d’expérience de terrain », expliquait Anne Lefranc, de l’Ademe, en mai dernier, lors des Assises de la transition énergétique à Bordeaux. Comment donc limiter au maximum les impacts environnementaux associés à un projet et valoriser les ressources, les énergies et les réseaux présents à l’échelle locale ? Le guide donne six clés de travail, dont les quatre premières sont primordiales, sachant que les réflexions doivent toujours être engagées à une double échelle (projet et territoire) et à une double temporalité (saisonnalité des usages et de certaines ressources).
1/ Valoriser les ressources locales
Les solutions énergétiques ne sont pas généralisables d’un projet à l’autre. La valorisation doit donc forcément débuter par une réflexion prospective sur les besoins en énergie au sein de l’opération, et articuler les réponses aux besoins, les enjeux de décarbonation, la valorisation des ressources locales et l’anticipation des contraintes. C’est le cas par exemple du quartier Bastide Niel, à Bordeaux, qui vise un mix 100 % renouvelable, notamment grâce à un réseau de chaleur géothermique et au développement du photovoltaïque.
2/ Assurer un engagement politique fort
La collectivité doit s’engager, notamment en élaborant des documents de planification urbaine et énergétique, en mobilisant de manière transversale les élus et les services concernés par les sujets d’urbanisme, d’aménagement et d’énergie. Les auteurs du guide soulignent l’engagement fort en ce sens de l’agglomération de La Rochelle, qui se saisit de l’aménagement opérationnel comme d’un levier de la transition bas carbone de son territoire, via divers projets, tel le parc Atlantech, un quartier estampillé « bas carbone ».
3/ Croiser les compétences des acteurs tout au long du projet
Ce point est primordial. L’idée est de décloisonner, de ne pas être dans un fonctionnement « en silo » pour tenir le défi du temps long des opérations d’aménagement, en intégrant la question de l’énergie dès le démarrage. Il paraît par exemple intéressant de définir un système d’échanges et de gouvernance. Le guide cite en exemple le projet Clichy-Batignolles, pour lequel la collectivité affichait clairement ses objectifs dès le début. Ceux-ci ont ainsi pu cadrer les échanges avec les parties prenantes, dont les aménageurs.
4/ Intégrer l’énergie dans toutes les dimensions du projet
Organisation et composition urbaine, nature et caractéristiques du bâti et des espaces, gestion des déplacements ou des déchets… L’approche globale et multi-enjeux permet de renforcer l’attractivité du projet et de développer des usages et pratiques contribuant à la réduction des consommations d’énergie (par ex. solutions de partage de mobilités). Ainsi, à Beaucouzé (Maine-et-Loire), le projet Les Échats 3 est mené autour d’une stratégie énergie-carbone globale. Les promoteurs, bailleurs et acheteurs particuliers ont reçu un référentiel énergie-carbone pour la conception des bâtiments. « Il propose trois paliers de performance, jeune pousse, grand chêne et chêne majeur, assortis d’objectifs chiffrés que les acteurs peuvent viser », développait Anthony Rousteau, d’Anjou Loire Territoire (l’aménageur).
Les deux dernières clés indiquent qu’il est capital d’intégrer le citoyen aux opérations, et d’assurer la valorisation économique avec des méthodes et montages innovants et une réflexion sur le « coût global ».