Portrait
Conseillère en énergie : la transition de proximité
Manon Guichard est conseillère énergie au sein de l’agence locale de l’énergie et du climat de la Grande Région grenobloise. Elle a participé à la première session de formation organisée par Qualit’EnR pour le compte de l’Ademe. Objectif : augmenter ses connaissances techniques pour mieux répondre à des particuliers de plus en plus “pointus”.
Oublié, le faux rythme de la période de confinement… À l’agence locale de l’énergie et du climat (Alec) de la Grande Région grenobloise, l’hiver a beau être plus loin que jamais, les demandes d’assistance des particuliers pour la rénovation énergétique sont reparties en flèche. Manon Guichard fait partie de la petite équipe qui reçoit à nouveau gratuitement des particuliers, de plus en plus affûtés dans leurs questions : quelles aides financières, bien sûr… Mais aussi : quel isolant privilégier ? Quel chauffage au bois, poêle ou chaudière, bûche ou granulé ?
Depuis trois ans, Manon Guichard fait partie des quelque 840 conseillers Espaces info énergie (EIE) de France, ou plutôt “conseillers Faire”, comme on les nomme désormais, depuis que le réseau Ademe s’est rapproché de celui de l’Anah. Plus qu’une vocation, le conseil en énergie est apparu comme une évidence sur le chemin de ses études en économie. Avec peut-être un déclic souterrain, ancien : cette conférence de Nicolas Hulot où l’avait amenée son père… « Ça a éveillé mon intérêt pour l’environnement, avec la question des déchets notamment ».
Un parcours teinté d’évidence
Après une licence en économie et gestion, elle entreprend un master en économie de l’énergie et du développement durable à l’université Grenoble Alpes. « C’était encore généraliste au début. J’ai adoré les cours de développement durable ; j’avais l’impression de ne pas avoir besoin de me forcer pour travailler. » Après un projet tuteuré où elle a permis à un jeune entrepreneur d’obtenir une étude de marché sur des trackers solaires, Manon Guichard s’est spécialisée dans l’énergie : « ça m’a paru évident, cohérent. Même si je n’avais pas encore l’approche thermique dans le bâtiment, j’avais trouvé ma voie ».
À l’occasion d’un service civique de six mois dans la banlieue grenobloise au sein de l’association Unis-cité, elle découvre une autre dimension : derrière la technicité, il y a d’abord l’humain… et son usage plus ou moins bien compris de l’énergie. « Par petits groupes, on faisait du porte-à-porte dans les quartiers, pour expliquer le fonctionnement du nouveau compteur Linky, mais aussi pour proposer des actions d’économie d’énergie, pour aider à faire comprendre ce qu’il y a derrière un kilowattheure ». Cette expérience lui a ouvert les portes des Espaces info énergie, d’abord à Énergies solidaires (Yvelines) puis à l’Alec de la Grande Région grenobloise. « C’est un métier qui est dans le concret, basé sur l’échange avec les gens. On doit bien connaître leurs projets pour les aider à faire les bons choix. Il y a des sommes importantes en jeu ; ils comptent sur nous pour les éclairer dans les devis. »
Des structures plus proches des collectivités locales
Devant la connaissance de plus en plus fine des particuliers sur les aspects techniques, Manon Guichard s’est inscrite à la session de formation test dispensée par Qualit’EnR sur le bois énergie. L’organisme avait été retenu dix mois auparavant par l’Ademe pour remettre à plat les formations des conseillers sur le bois et trois autres filières : le solaire thermique, le photovoltaïque et le thermodynamique… « Ce sont des formations assez appliquées, qui se passent en partie sur un plateau pédagogique, avec du matériel en condition réelle. Ça me permet de répondre encore mieux aux demandes sur le bois énergie, qui sont importantes sur mon secteur avec la prime Air Bois de la métropole grenobloise, destinée à renouveler les appareils de chauffage d’avant 2002, qui sont en partie responsables de la pollution aux particules fines. »
Manon Guichard fait partie de la nouvelle génération de conseillers énergie dont les structures sont de plus en plus proches des collectivités locales. L’Alec de Grenoble est ainsi devenue “société publique locale de la Grande Région grenobloise”, avec un rôle prépondérant de la Métropole. Et la conseillère participe à une opération historique de la collectivité, “Mur|Mur” : au départ pluriannuelle et centrée sur les copropriétés, elle devient pérenne et ouverte à tout projet de rénovation énergétique performant. Quant à l’intégration des EIE dans le réseau Faire, plus vaste, elle n’inquiète pas trop Manon Guichard : « un seul et même nom, ça va peut-être nous apporter plus de visibilité, aux yeux des particuliers comme des artisans. Je n’ai pas l’impression de faire partie d’une grosse machine… On est issu d’une association et on a toujours le sens de l’écoute. » Ils sont aussi, plus que jamais, le relais des collectivités locales dans cette mission d’accompagnateur de la transition énergétique au plus près des administrés… voire dans leur maison.