Le tour de la question
Consommation énergétique en hausse pour les collectivités
L’Ademe a publié en novembre son étude quinquennale sur la consommation énergétique des collectivités. Malgré quelques points positifs, celle-ci a globalement augmenté sur la période 2012-2017.
Réalisée en partenariat avec la Caisse des dépôts, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), l’Association des ingénieurs territoriaux de France et le réseau des CEP (conseillers en énergie partagés), l’étude « Dépenses énergétiques des collectivités locales » porte sur les consommations et les dépenses d’énergie en 2017, les émissions de CO2 associées ainsi que l’évolution des consommations du patrimoine. En 2017, les collectivités ont ainsi consommé 39,65 TWh pour une dépense de 3,86 milliards €, soit 57 € par habitant. « Les consommations augmentent (+ 4%), même si les dépenses baissent (-5 % ). C’est un point assez inquiétant, d’autant qu’en conséquence, on constate des émissions de CO2, elles aussi en hausse de 4 % entre 2012 et 2017. Ces chiffres ne sont pas très satisfaisants », indique Bruno Lafitte, coordinateur technique de l’étude. En hausse de 13%, les consommations liées au bâtiment (secteur également responsable des émissions de CO2 à hauteur de 84 %) constituent de loin le 1er poste (75 %), devant l’éclairage (11 %), la gestion des déchets (8 %) et le carburant (6.%). L’étude souligne d’ailleurs les efforts portés sur la rénovation de l’éclairage (-30 %) et dans le domaine des transports (-16 %). Bruno Lafitte a également constaté une croissance des recours aux EnR, ce qui permet de contenir les émissions de CO2. « Des actions ont été menées, notamment dans l’éclairage public et le carburant, mais les contraintes sont nombreuses et les budgets de plus en plus serrés. Toutefois, maintenant que des efforts ont été portés sur certains postes, les collectivités vont pouvoir se concentrer davantage sur le bâtiment. »
Une série d’outils pour diminuer les consommations
Pour cela, l’Ademe compte sur le « décret tertiaire » (application de l’article 175 de la loi ÉLAN sur la réduction de la consommation énergétique du parc tertiaire) qui devrait soutenir le marché de la rénovation. Selon Bruno Lafitte, il s’agit d’un excellent levier pour faire baisser la part du bâtiment dans la consommation des collectivités, mais les simples mesures de sobriété sont également mises en avant. Une façon efficace d’inverser la tendance, sans investissement lourd, ni impact sur le confort des usagers. « Si une équipe de football s’entraîne sur un stade, au lieu d’allumer l’éclairage à 100 % comme pour un match de championnat, on peut utiliser un éclairage réduit, largement suffisant pour voir le ballon. De même, on peut baisser la température des consignes lorsqu’il n’y a personne dans un bâtiment. Avec l’automatisation, il est facile d’optimiser la gestion des systèmes énergétiques. » Autre outil avancé : les CEP, dont l’action permet de baisser la consommation des collectivités d’environ 15 %. « Les solutions techniques existent, quel que soit le type de rénovation. Nous avons de bons matériaux, des artisans qualifiés et des certifications. Pour les collectivités, la difficulté réside dans l’allocation de budgets et de temps nécessaires, mais c’est une stratégie payante. L’État exemplaire est une notion qui porte ses fruits », conclut Bruno Lafitte.
Menée depuis 1990, l’étude « Dépenses énergétiques des collectivités locales » est réalisée auprès de plus de 7 000 collectivités. Elle vise à collecter des données de référence afin d’aider les collectivités à mieux gérer les consommations de leur patrimoine.