Covoiturage : Ehop accompagne le changement de comportements

L’association bretonne Ehop travaille depuis une vingtaine d’années sur le développement de solutions de covoiturage avec les collectivités et employeurs. Elle adopte un focus particulier sur l’accompagnement au changement de comportements. Elle a ainsi participé à la mise en place de covoiturages domicile-travail, notamment pour les personnes en insertion professionnelle (service Ehop solidaires).

Dernière expérimentation en date, de 2019 à 2021, un covoiturage de proximité en dehors des trajets domicile-travail, sur trois territoires peu denses – Bretagne romantique, Ploërmel communauté et Concarneau Cornouaille Agglomération. « Dans ces collectivités, de nombreux seniors notamment ne pouvant plus conduire ont arrêté de se déplacer et ne prennent pas les transports en commun. On sait ainsi qu’une personne isolée sur trois a déjà renoncé à un déplacement à cause d’une difficulté de mobilité. L’objectif était donc de trouver une solution pour des déplacements à des rendez-vous médicaux, des courses et les loisirs », explique Emmanuelle Fournil, responsable communication chez Ehop.

Travailler avec le tissu local

Première étape, indispensable : travailler avec le tissu local pour développer le projet. « Nous sommes allés à la rencontre des élus locaux, des personnels de mairies, des associations, des CCAS [centres communaux d’action sociale], des structures en lien avec les habitants. Nous avons aussi réalisé une enquête auprès de 400 d’entre eux sur leurs besoins et attentes », poursuit-elle. L’étude a confirmé un besoin principalement pour les seniors. Et l’équipe s’est aperçue qu’il ne fallait pas proposer uniquement une plateforme de covoiturage en ligne, pour ne pas mettre de côté des personnes en situation de fracture numérique.

Un vivier de conducteurs – c’est-à-dire d’habitants prêts à partager leur voiture pour de petits trajets – a été mobilisé. « Ensuite, phase fondamentale : la communication auprès de passagers potentiels. Les acteurs locaux évoqués précédemment ont œuvré afin d’aller à la rencontre des habitants pour leur expliquer le service en essayant de lever les freins (la peur de covoiturer, de rencontrer de nouvelles personnes…). Si nous commençons à être habitués au covoiturage longue distance, c’est beaucoup moins le cas de celui de proximité, le temps d’appropriation est long et c’est normal », développe Emmanuelle Fournil.

Le service a ensuite été mis en place concrètement avec une plateforme en ligne, mais surtout une ligne téléphonique dédiée, sur laquelle peuvent appeler les habitants à la recherche d’un covoiturage.

Un bilan encourageant

Au bout de trois ans, les résultats sont positifs. Désormais, chaque collectivité va peaufiner son système avec des modalités adaptées à son territoire. « Le coût pour la collectivité de ce type de solution est variable entre 5 000 et 15 000 euros par an, avec souvent au moins 0,5 emploi équivalent temps plein (ETP) créé. C’est moins que pour le transport à la demande (autour de 80 000 euros et 1 à 1,5 ETP). »

Les recommandations d’Ehop pour un service opérationnel : organiser un service accessible à tous, laisser le temps de son appropriation, construire une base de covoitureurs conducteurs solide pour gérer des demandes différentes…