Initiatives

De l’autoconsommation collective dans le Bas-Rhin

Le projet d’autoconsommation collective de la communauté de communes de la Vallée de Villé se concrétise. Située au sud-ouest de Strasbourg et forte de ses 11 000 habitants, cette collectivité est un précurseur dans ce domaine. Elle s’est associée à la ville de Villé ainsi qu’à cinq entreprises pour créer le projet Energiessen fin 2022.

PAR FLAVIAN BONNEAU - OCTOBRE 2023
À la Vallée de Villé, la première et seule entreprise à avoir, pour l’instant, installé ses panneaux solaires en toiture est la société Ejot. ©Ejot France Solar

L’objectif de l’autoconsommation collective est de replacer la production énergétique au centre d’un système collectif local. Au même titre qu’un circuit court de la production alimentaire, « on est vraiment sur l’idée de travailler sur un circuit court de l’énergie pour réussir à produire et à consommer à l’échelle de la vallée », partage Serge Janus, maire de Breitenau, un des dix-huit villages que compte la communauté de communes de la Vallée de Villé, dont il est également le président. C’est avec cet objectif qu’en 2022, sept acteurs du territoire (cinq entreprises et deux collectivités) ont décidé de se lancer dans un projet de partage de l’énergie, appelé Energiessen. Chaque participant installera des panneaux photovoltaïques sur ses bâtiments et consommera une partie de son électricité en autoconsommation individuelle. Le surplus sera quant à lui revendu aux autres acteurs, suivant les besoins de chacun en temps réel.

À la Vallée de Villé, la première et seule entreprise à avoir, pour l’instant, installé ses panneaux solaires en toiture est la société Ejot, spécialisée dans le domaine de la fixation et de l’assemblage. Après des études de rentabilité pour un projet d’installation photovoltaïque individuelle, l’autoconsommation collective s’est révélée plus intéressante économiquement. En effet, l’entreprise n’avait plus à se baser sur ses seuls besoins, mais sur le potentiel de déploiement photovoltaïque sur la surface de sa toiture.

Une première installation

« Nous avions un projet pour faire une partie de la toiture seulement, alors que là, nous avons utilisé l’ensemble du toit parce que nous avions les débouchés pour l’électricité produite », explique Patrice Thil, directeur général d’Ejot France. Cela représente une installation photovoltaïque de 240 kW, quand l’entreprise n’aurait eu besoin que de 90 kW, tout au plus. « Sans l’autoconsommation collective, Ejot se serait sans doute limitée à la couverture de ses besoins, car la vente de surplus de production photovoltaïque est tellement mal rémunérée [via le tarif d’achat fixé par l’État, ndlr] que ça n’a pas d’intérêt de rajouter des modules supplémentaires », explique Serge Janus.

Dans un système d’autoconsommation individuel, le tarif d’achat du surplus fixé par EDF OA était à 7 centimes le kWh au 1er trimestre 2023 pour des installations inférieures à 100 kW. Pour Energiessen, le tarif d’achat du surplus est en revanche défini par la PMO*. Le dernier a été fixé à 13 centimes d’euros le kWh lors de l’assemblée générale. Les consommateurs, participants de la PMO, bénéficient également de ce tarif : « avec un tarif actuel de l’électricité à environ 24 centimes le kWh, ils gagnent sept ou huit centimes », explique Serge Janus. La PMO peut également s’adapter aux besoins des consommateurs, grâce aux clés de répartition de l’électricité. Dans le cas d’Energiessen, elles ne sont pas fixes mais dynamiques. Un pourcentage est attribué à chaque participant et il varie en fonction des besoins. Si l’électricité est plus chère à une certaine heure, alors l’acteur consommera de l’électricité d’Energiessen.

Quelle évolution ?

Un projet comme celui-ci ne se monte pas en un claquement de doigts. Les discussions avec la Région Grand-Est et Climaxion – programme de l’Ademe et de la Région en faveur de la transition énergétique et de l’économie circulaire – ont commencé en 2021, « quand il y a eu les premiers appels à projets autoconsommation collective », précise Serge Janus.

Pour le moment, l’entreprise Ejot partage sa production avec trois acteurs du projet : deux entreprises et la communauté de communes. Ces dernières devraient elles-mêmes accueillir des panneaux solaires dans les mois qui viennent, au même titre que les autres participants. D’ici 2024, le projet pourrait s’étendre aux particuliers, qui auront dans un premier temps la possibilité de consommer l’électricité locale. À terme, ceux possédant une installation photovoltaïque pourront également revendre leur électricité via la PMO. Mais chaque chose en son temps. « À ce stade, on a besoin de créer le modèle en ayant une base avec les gros producteurs », exprime Serge Janus. « Pour l’instant, la réglementation mise en place ne permet pas d’arriver à notre objectif », qui est d’étendre la PMO à un maximum de personnes.

Investissements en fonds propres

Pour monter un projet aussi complexe, de la sensibilisation a dû être faite. Mais les réticences étaient limitées car dans le cas d’Energiessen, « les investissements faits dans l’installation des panneaux photovoltaïques le sont avec les fonds propres des entreprises. Si demain le projet ne répond plus à ce qu’ils ont envie de faire, ils peuvent partir sur un autre système de revente totale ou d’autoconsommation individuelle ». Le projet est désormais lancé et Serge Janus ne compte pas s’arrêter là : « nous avons eu une réunion avec Enedis récemment et les choses avancent. Je pense que fin 2024, Energiessen comptera une dizaine d’acteurs en production. »

* Le Code de l’énergie requiert pour un projet d’autoconsommation collective que producteurs et consommateurs soient réunis au sein d’une même entité juridique, la personne morale organisatrice (PMO). Celle-ci gère le projet et sert d’interlocuteur entre les différents acteurs, notamment le gestionnaire du réseau de distribution.

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