Portrait
Décarboner les territoires : un manifeste pour un meilleur recrutement
Suite une étude d’Energy Cities sur les besoins des municipalités en personnel pour décarboner les bâtiments, des élus locaux, français et européens, ont signé un plaidoyer pour davantage d’employés locaux dédiés à la transition des territoires. Explications avec l’un des signataires, Jean-Patrick Masson, vice-président de la métropole de Dijon en charge de la transition écologique.
©Ville de Dijon
Pourquoi avoir signé ce manifeste ?
Le recrutement de personnel qualifié et en nombre suffisant (conseillers, techniciens, etc.) est un enjeu majeur. Par exemple, beaucoup de municipalités ne sont pas en capacité de répondre aujourd’hui aux questions sur les travaux, les aides, etc. Cela est lié au fait que le recrutement est considéré par ces collectivités comme une charge de fonctionnement et non comme un investissement. En outre, il existe depuis des années une pression politique pour que ces charges diminuent, au profit des investissements. En conséquence, la plupart des municipalités n’ont pas mis en place de structure dédiée à la transition. Il se n’agit d’ailleurs pas d’un problème de gestion locale. On retrouve cela partout en France et dans la majorité des pays européens.
Quel type de mesures préconisez-vous ?
Le déploiement d’experts locaux de la transition doit désormais être considéré comme un investissement. J’ai par exemple proposé d’identifier toutes les actions en lien avec la transition et débouchant sur une réduction des charges de fonctionnement (via des travaux d’isolation, de chauffage, etc.), puis de les considérer comme des investissements immatériels. Cela concerne le recrutement de personnel qualifié, nécessaire pour que des investissements matériels soient ensuite réalisés et permettent, par exemple, de réduire une facture énergétique.
Faut-il également rendre les emplois plus attractifs ?
Nous sommes en effet censés recruter des personnes diplômées qui ont elles-mêmes investi pour être formées et qui sont bien souvent en quête de sens dans leur vie professionnelle. C’est la raison pour laquelle les rémunérations doivent être revalorisées. En outre, si les emplois locaux en lien avec la transition ont une réelle valeur sociale, il faut proposer aux candidats une perspective de long terme. Pour cela, il est indispensable de mettre en œuvre des stratégies au niveau national.
Qu’en est-il du financement de ces nouveaux postes ?
La tâche est immense. Toutefois, il existe différents types de financement possibles, publics (subventions, programmes, etc.) ou privés (via le dispositif des certificats d’économie d’énergie [CEE] par exemple). Il est également possible de combiner des outils européens tels que le Fonds social européen+ (FSE+), le Fonds européen de développement économique régional (Feder) ou le programme InvestEU. Néanmoins, l’État doit mettre en œuvre des stratégies pour accompagner la création de postes dans les municipalités et les organismes publics.
L’Europe doit-elle intervenir ?
Ces nouveaux postes reposent sur une volonté politique et la mise en place d’un panel d’outils diversifiés pour répondre aux différents besoins. L’incitation des États membres pourrait prendre la forme d’une directive. Une visibilité européenne, sur une ou deux décennies, serait très utile. L’un des freins à l’investissement réside dans les changements réguliers de réglementation. À l’inverse, un cadre stable est un facteur de mise en action.
En savoir plus : l’étude Energy Cities décryptée
Le texte du manifeste
Dans ce manifeste, les 63 signataires dressent un constat, notamment sur le manque d’ingénierie locale et les contraintes réglementaires. Ils proposent également aux États membres et à la Commission européenne une série de mesures concernant le financement des municipalités, la formation ou encore la mise en place d’un encadrement européen. Plus d’informations ICI.