Le tour de la question
Déployer un réseau de chaleur et de froid
En avril dernier, La Grande-Motte a inauguré un réseau de chaleur et rafraîchissement porté par Dalkia. Alimenté par la thalassothermie, celui-ci permet de couvrir les besoins de 2 000 logements.

La Grande-Motte est une ville très touristique du Languedoc-Roussillon, mais elle compte aussi une importante population, même en hiver, ce qui entraîne une grosse consommation d’énergie. En outre, les bâtiments publics (la mairie, le palais des congrès, un casino en concession, etc.) et de nombreuses copropriétés étaient auparavant chauffés par des énergies fossiles, principalement du gaz. « Déjà engagée dans la transition de l’éclairage public, ou encore la valorisation des eaux usées, la mairie souhaitait lancer un projet ambitieux de production de chaleur renouvelable, mais aussi de froid, afin d’anticiper l’augmentation des besoins de rafraîchissement dans les années à venir », indique Guillaume Chanussot, directeur de l’agence Dalkia de Montpellier.
Le choix de la thalassothermie
La ville étant située à proximité de la mer, la mairie a naturellement opté en 2017 pour la thalassothermie, une technologie basée sur le principe de la géothermie et qui utilise la température de l’eau comme source de chaleur et de froid. Pour mesurer la faisabilité et la viabilité économique d’un tel projet, elle a fait appel à Elcimaï Environnement, un bureau d’études spécialisé dans les réseaux renouvelables. Les voyants étant au vert, une consultation a été ensuite lancée dans le but de monter le projet en concession (avec des impératifs, notamment en termes de périmètre, de production d’énergie et de prix), comme souvent pour ce type d’installation très coûteux.
Celle-ci a été remportée par Dalkia, qui intervient en tant que délégataire de service public pour une durée de trente ans. La collectivité n’a donc pas eu à investir. L’entreprise s’est chargée du montage, du financement et des travaux. En outre, elle garantit la performance de l’installation et un prix stable de l’énergie pendant toute la durée de la concession.
Une énergie compétitive
Baptisé Motteo, le réseau a nécessité un budget de 13,8 millions d’euros, aidé à hauteur de 7 millions d’euros par l’Ademe et de 1,4 million d’euros par la région Occitanie. D’une longueur de 6 km, il affiche une puissance disponible de 6 MW, ce qui permet de redistribuer environ 10 GWh par an de chaleur et près de 2 GWh de froid. Les travaux ont quant à eux duré un peu plus de deux ans. « Nous avons installé un local de 300 m² à côté du port pour capter l’eau de mer et celui-ci est équipé d’échangeurs en titane, explique Guillaume Chanussot. Après utilisation, l’eau est rejetée au large, en passant sous la digue, via cinq canalisations en polyéthylène haute densité. »
Concernant le raccordement des bâtiments, chaque situation a été traitée au cas par cas, avec installation de pompes à chaleur et retrait, ou non, des chaudières gaz. Les sous-stations, déployées en parallèle, ont requis chacune environ un mois et demi de travaux. Afin d’assurer la continuité de service, Dalkia avait prévu des arrêts durant l’été et des coupures de 48 heures pendant les périodes les moins contraignantes, c’est-à-dire en mai, septembre et octobre. En outre, l’entreprise assure le suivi de l’installation, son entretien et sa maintenance.
10 à 15 % d’économie
Autre avantage pour la ville et les usagers du réseau : un prix de l’énergie avantageux, avec à la clé une économie de 10 à 15 % par rapport au prix du gaz. À ce titre, le réseau bénéficie d’une TVA à 5,5 %, plus de 50 % du mix énergétique étant désormais renouvelable et aucuns frais de raccordement n’ont été facturés aux usagers. Par ailleurs, la ville devrait éviter l’émission de 1 800 tonnes de CO2 par an grâce à la substitution du gaz. Pour le moment, seuls les bâtiments municipaux et quelques copropriétés ont été raccordés. Les autres bâtiments le seront en octobre prochain.