Décryptage
Des architectes s’engagent pour une architecture bas carbone
Pour la ville et la métropole de Bordeaux, les contraintes du décret tertiaire sont l’occasion de placer l’efficience énergétique des bâtiments au centre des politiques publiques.
Le mouvement Unisson(s) – porté par A4MT, l’Institut français de la performance du bâtiment, Construction21 et le New European Bauhaus 2022 – a été créé en janvier 2022, puis officiellement lancé en juin, avec la publication d’un manifeste « Vers une architecture bas carbone et du vivant ». « Le secteur de la construction représente 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Il est urgent de faire évoluer nos pratiques de construction », explique Guillaume Mangeot, architecte et directeur de l’agence PCA.
Alors que la réglementation environnementale RE2020 entre en application cette année, le mouvement Unisson(s) entend accélérer la transformation des pratiques et explorer des solutions pour une « écriture architecturale renouvelée ». « L’idée est de susciter le débat, de dialoguer avec toutes les parties prenantes du monde de la construction – les urbanistes, les promoteurs, les maîtres d’ouvrage, les paysagistes, les élus… D’ici à quelques mois, des conférences et ateliers seront organisés en ce sens », poursuit l’architecte.
« RE2020 avant-gardiste »
« Utilisation de matériaux à faible impact carbone, rénovation et réemploi via l’économie circulaire, maîtrise de la performance énergétique, bioclimatisme, respect et réintroduction du vivant dans les projets. » Les solutions sont là et connues, précise le manifeste. « La RE2020, qui contraint le contenu carbone des ouvrages, de manière avant-gardiste, impose de toute façon de changer nos pratiques. Ce que veut questionner Unisson(s), ce sont les évolutions en cours et à venir que va connaître l’architecture, et notamment l’avènement d’une nouvelle esthétique », poursuit Anne Rouzée, architecte associée chez Ateliers 2/3/4/. Pour avoir un bilan carbone moins lourd, les bâtiments devront (entre autres) utiliser moins de matériaux. « Et cela questionne tout un tas d’aspects visuels. Dans le tertiaire par exemple, il y a beaucoup de faux plafonds pour masquer les réseaux. Faut-il arrêter cela et les laisser apparents ? Dans le logement, doit-on arrêter de peindre les immeubles, et partir sur des finitions plus brutes ? Ces questions doivent être posées, débattues et il sera nécessaire de parvenir à des consensus », estime Anne Rouzée.
Pédagogie auprès des citoyens
Cette architecture du bas carbone et du vivant va aussi passer, forcément, par plus de pédagogie auprès des citoyens. « Des bâtiments passifs, on sait faire. On ne peut pas en faire partout, puisque parfois certaines configurations, urbaines notamment, ne le permettent pas. En revanche, il y a un fort besoin d’expliquer, de s’adresser à la psychologie de l’habitant qui n’est pas habitué, par exemple, à ne pas avoir de moyen de chauffage chez lui », souligne Guillaume Mangeot.
Et au-delà de cette sensibilisation, la question des modèles économiques est indispensable. À quel moment doivent se réaliser les investissements ? Les bâtiments passifs vont générer des économies sur le long terme, mais cela ne correspond pas au business model actuel des promoteurs. Tout un modèle et une économie à repenser, donc.
Pour suivre les actualités du mouvement Unisson(s) et pour signer le manifeste, c’est ici.