Des écoquartiers toujours plus verts

Dans la suite logique de la démarche écoquartier lancée en 2009 et de l’établissement du label Écoquartier en 2012, le ministère de la Transition écologique (MTE), l’Ademe et Efficacity ont lancé en novembre 2021 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour aider les porteurs de projet volontaires à aller plus loin dans leur démarche. « Florian Bercault, président de la commission nationale Écoquartier, souhaite revoir le processus de labellisation, basé actuellement sur la mise en place de bonnes pratiques, pour y intégrer des indicateurs chiffrés en termes de performance énergie-carbone. Cet AMI va permettre de tester sur un ensemble de projets la pertinence d’outils d’évaluation quantitative de ces performances à l’échelle d’une zone d’aménagement urbaine », explique Morgane Colombert d’Efficacity. Parmi ces outils, le logiciel Urbanprint (lire encadré), développé actuellement par Efficacity et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), et la méthode « Quartier énergie carbone » développée avec le soutien de l’Ademe, sur laquelle il s’appuie. « L’idée est de s’aider de ce retour d’expérience pour valider les indicateurs retenus pour ces évaluations. Nous voulons coconstruire cette démarche quantitative avec les porteurs de projets », poursuit Morgane Colombert.

30 projets sélectionnés

Si l’objectif était au départ d’accompagner une vingtaine d’écoquartiers, devant l’ampleur des réponses, ce sont finalement 30 projets qui ont été sélectionnés. Parmi eux, celui de la ZAC des Rives de la Haute-Deûle, à Lille et Lomme (Nord). Lancée en 2004, celle-ci comprend 25 hectares déjà aménagés, représentant 150 000 m² de surface de plancher, et 13 hectares en phase de conception. « Nous avons été candidats dès le départ au label Écoquartier. Lors de notre certification niveau 4 (1), on nous a parlé de l’AMI pour nous aider à voir si nos cahiers de prescriptions pour l’aménagement des 13 hectares restants étaient en adéquation avec les objectifs de sobriété fixés à l’échelle de la ville et plus spécifiquement de la ZAC, comme l’atteinte du niveau passif pour les bâtiments construits. Nous avons déposé le dossier et avons été retenus mi-janvier », raconte Antoine Soyer, qui gère la ZAC des Rives de la Haute-Deûle pour la Société de rénovation et de restauration de Lille (Soreli).

Faire des choix pertinents du point de vue environnemental

Concrètement, le porteur de projet doit remplir un dossier qui renseigne sur l’ensemble de la programmation : produits de construction, hauteur et consommation des bâtiments en phase d’exploitation, sources d’énergie de la ZAC, gestion de l’éclairage public, des eaux et déchets, mobilité, etc. Il peut être accompagné par un bureau d’études partenaire comme le CSTB, Arcadis, Suez Consulting, ABMI, Setec, Urbanomy ou Ingerop. Le dossier est ensuite analysé par le logiciel Urbanprint, qui évalue les « scores énergie » et les « scores carbone » du projet, ainsi que l’empreinte carbone des habitants du quartier en intégrant les dimensions alimentation, biens de consommation, transports de marchandise, services, etc. Différentes variantes des projets peuvent être passées en revue, des leviers d’action proposés, etc. « Il s’agit d’un outil d’aide à la décision. À partir des résultats donnés, nous pourrons ajuster le programme pour atteindre nos objectifs », affirme Antoine Soyer, qui a fini d’élaborer le dossier et attend les résultats. D’un coût total de 20 000 euros, l’étude est prise en charge à hauteur de 50 % dans le cadre de l’AMI. Des ateliers d’échanges seront organisés par la suite entre les acteurs de l’aménagement urbain et les experts/chercheurs impliqués dans l’amélioration de la méthode « Quartier énergie carbone » pour diffuser ces nouvelles pratiques à grande échelle.

(1) Le label Écoquartier présente quatre étapes progressives : l’Écoquartier en projet, l’Écoquartier en chantier, l’Écoquartier livré et l’Écoquartier confirmé.