L'info du mois
Des réseaux de chaleur toujours plus verts
La dernière enquête sur les réseaux de chaleur et de froid menée par le SNCU révèle que ces derniers sont davantage approvisionnés par des énergies renouvelables et de récupération (bois-énergie, géothermie…). Mais il reste encore des défis à relever pour atteindre les objectifs de transition énergétique.
59,4 %. C’est le taux d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) présent dans les réseaux de chaleur et de froid en France, selon l’enquête 2020 (données 2019) réalisée par le Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU)*. Il a quasiment doublé depuis 2009 (il n’était alors que de 31 %). La hausse de la part de chaleur verte permet en outre d’améliorer considérablement l’empreinte carbone des réseaux avec une diminution de 44 % des émissions de CO2.
Le verdissement du mix est notamment dû à un développement massif de la biomasse – 23,8 % contre 3 % en 2009 – en remplacement des énergies les plus carbonées (charbon et fioul). C’est la région Auvergne-Rhône-Alpes qui s’affiche comme championne des réseaux fonctionnant au bois-énergie, avec 1 411 GWh en 2019. L’Île-de-France, qui compte, de par sa densité, le plus de réseaux, est quant à elle en avance sur la géothermie : elle concentre 87 % de cette production, soit 1 710 GWh par an.
« La quantité de chaleur verte atteint aujourd’hui 15 TWh, soit près de 60 % de la chaleur livrée par les réseaux. C’est une donnée positive, bien sûr, mais l’ambition est grande, puisque la loi de transition énergétique, confirmée par la PPE 2020, indique qu’à horizon 2030, les réseaux devront livrer 39,5 TWh. Or, la moitié des villes de plus de 10 000 habitants n’est toujours pas dotée de réseaux », détaille Aurélie Lehericy, présidente du SNCU.
Il reste divers freins à lever pour accélérer le développement des réseaux verts. La filière propose plusieurs pistes.
Outiller les territoires
« Nous sommes en train de créer un pacte d’ingénierie globale pour les collectivités de 10 000 habitants. L’idée est de leur soumettre un cahier des charges pour lancer le schéma directeur – essentiel pour identifier les poches de besoins de chaleur –, prémices à toute création de réseau, ainsi qu’un contrat type de concession », développe Aurélie Lehericy. Cela pourrait permettre de réduire de six à trois ans environ la durée entre le moment où la collectivité s’intéresse au sujet et celui où un projet sort de terre.
Développer les réseaux de froid
« On compte aujourd’hui 24 réseaux de froid en France, c’est trop peu. Il faut encourager le déploiement massif de ces infrastructures de froid efficaces, plus vertueuses et performantes que les installations de climatisation individuelle, qui consomment 50 % d’électricité en plus et émettent autant de CO2 supplémentaire. Il est nécessaire de subventionner les réseaux de froid, unités collectives qui présentent de nombreux avantages : diversification du bouquet énergétique (et donc réduction de la consommation), maîtrise des fluides frigorigènes, lutte contre les îlots de chaleur… », estime Aurélie Lehericy.
Faciliter le verdissement des contrats
« 20 % du parc des réseaux de chaleur est encore dépendant des énergies fossiles. Les collectivités ont pour la plupart des contrats qui vont encore durer plus de six ou sept ans. Le gouvernement pourrait donc les autoriser à ne pas attendre la fin de la concession pour investir dans la chaleur verte, en prolongeant le contrat actuel pour asseoir l’équilibre économique du réseau (et ne pas augmenter le tarif pour l’usager) », conclut Aurélie Lehericy.
*Avec l’association Amorce, sous la tutelle du Service de la donnée et des études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique.