Stratégie

Développement de l‎’énergie solaire citoyenne dans le Vercors

Permettre aux habitants et aux collectivités d‎’agir ensemble pour la transition énergétique du Vercors Sud. C‎’est le pari de l‎’initiative VercorSoleil.

PAR ARNAUD WYART - JANVIER 2020
Toiture de l‎’église de Rencurel dans l‎’Isère ©VercorSoleil

VercorSoleil fait partie du réseau des Centrales villageoises. Initié en 2010 par la région Rhône-Alpes et les parcs naturels régionaux, celui-ci a été imaginé afin de promouvoir différemment les énergies renouvelables. À l‎’époque, le parc naturel du Vercors s‎’était en effet opposé à un grand projet photovoltaïque au sol (celui-ci nécessitait la déforestation de certaines zones), mais il lui fallait trouver une solution alternative. Son choix s’est orienté vers des projets plus petits, portés par les citoyens et les collectivités. « Notre modèle consiste à rassembler des habitants et créer une entreprise dont ils deviennent actionnaires. Ensuite, nous recherchons des toits à louer, de maisons, d’écoles ou encore de mairies, pour constituer la centrale. Le prix des locations est assez symbolique, il s’élève à environ 130 euros par an. Nous installons ensuite des panneaux solaires et nous revendons l’électricité. Avec les bénéfices générés, nous mettons en œuvre d’autres projets liés à la transition énergétique », explique Jean-Éric de Rango, président de VercorSoleil. Autre particularité de ce modèle : le déploiement des installations par grappes. Un procédé qui permet d‎’utiliser des toitures très rentables, et en parallèle des toitures à faible potentiel, mais avec une valeur symbolique. « Ce modèle nous offre également la possibilité de négocier un seul prêt bancaire, à des conditions plus intéressantes, et de faire des demandes de subventions. La région Rhône-Alpes a ainsi financé jusqu‎’à 30 % des investissements sur nos premiers projets. »

Un modèle porteur mais fragile économiquement

Fondée en 2015, VercorSoleil a déjà réalisé 25 installations dans 6 villages du Vercors Sud. Un modèle d’autogestion qui séduit. « Cela s’est très bien passé avec les élus. Tous les toits communaux bien exposés nous ont été donnés en location. La communauté de communes de l’époque a même pris 15 000 euros de parts dans la SAS, ce qui nous a aidés à lancer les premières opérations », développe Jean-Éric de Rango. Du côté des particuliers, l’initiative reçoit également un bon accueil. VercorSoleil compte aujourd’hui 127 actionnaires pour un capital de 90 000 euros. Prometteur, le modèle des centrales villageoises a même largement dépassé les frontières de la région Rhône-Alpes. Le réseau compte en France plus de 3 000 actionnaires pour 48 centrales et d’autres projets ont été lancés. Malheureusement, en 2017, les nouvelles méthodes de calcul ont entraîné une diminution des tarifs aidés pour les petites installations (jusqu’à 9 kW). Un véritable coup d’arrêt. « C’est devenu très compliqué économiquement. Il ne s’agit pas de faire des bénéfices énormes, mais désormais, même les banques ne suivent plus. Cela reste intéressant pour un particulier, car en une douzaine d’années il peut rembourser le coût de l’installation par la revente. Mais pour nous, c’est impossible, même sur vingt ans, car nous avons beaucoup de frais annexes, comme l’assurance liée à la location des toits, les études de faisabilité et de structure, la maintenances annuelle, etc. » Pour y remédier, VercorSoleil pourrait se tourner vers les réseaux intelligents (smart-grids) et jouer la carte de la flexibilité. Une autre solution consiste à opter pour l’autoconsommation et le stockage via les micro-réseaux (micro-grids), dans le but de ne pas revendre l’électricité produite.

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