Portrait

Dix ans de rénovations globales

Dix ans après sa naissance dans la Drôme, la SAS solidaire Dorémi a essaimé dans cinq régions son modèle de groupement d’artisans pour rénover globalement les maisons individuelles. Bilan et perspectives avec son directeur général, Vincent Legrand.

PAR CHRISTEL LECA - NOVEMBRE 2021
Vincent Legrand, directeur général de la SAS solidaire Dorémi. ©Aude Lemaitre – Dorémi

La SAS solidaire Dorémi est une émanation de l’association négaWatt, directement issue de son scénario 2011 de transition énergétique montrant qu’il est possible d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables en 2050. « Il y avait – il y a toujours – trois conditions à cela : la sobriété énergétique (moins consommer), l’efficacité énergétique (isoler, améliorer les rendements) et le recours aux énergies renouvelables, précise Vincent Legrand, directeur général de Dorémi. Le secteur du bâtiment étant le plus consommateur, Dorémi s’est spécialisé sur ce sujet, et en particulier les maisons, plus consommatrices que les appartements, surtout celles datant d’avant 1975. En observant les résultats des premières campagnes d’aide pour l’isolation, nous avons montré qu’une superposition de gestes, aussi vertueux soient-ils – changer les fenêtres ou le chauffage, isoler – ne permettait pas une réelle performance énergétique, car ils ne traitent ni les ponts thermiques (discontinuité de l’isolation), ni les défauts d’étanchéité à l’air (entrées d’air parasites). Seule une vision globale de la rénovation est susceptible de diviser durablement par quatre à huit les factures de chauffage. Pour cela, il faut des entreprises artisanales (plombiers, chauffagistes, couvreurs, électriciens, etc.) – elles sont plus d’un demi-million en France, quasiment toutes sous la barre des vingt salariés – formées à la rénovation performante, c’est-à-dire une rénovation qui prend en compte l’ensemble des six postes : sols, murs, toiture, ouvertures, chauffage et eau chaude, ventilation. »

Près de 300 relais locaux

Aujourd’hui, dans 65 territoires, couvrant 20 % de la population française, 125 groupements d’artisans et près de 300 animateurs et relais locaux sont formés à la rénovation performante par un réseau de 50 formateurs-experts. Car il faut accompagner les ménages – et principalement les plus modestes – pour qui coordonner une équipe d’artisans et obtenir les aides financières auxquelles ils ont droit est un casse-tête. « En 2013, il existait déjà plus de dix mécanismes financiers gouvernementaux, auxquels s’ajoutaient les aides locales… qui se sont accumulées. C’est une véritable ingénierie financière qu’il a fallu développer, poursuit le directeur. Nous avons travaillé dans la Drôme, notre espace d’expérimentation, jusqu’en 2014, puis nous sommes étendus vers d’autres territoires de Rhône-Alpes, puis de Nouvelle-Aquitaine, du Centre, de Bretagne et d’Île-de-France, à la demande de collectivités territoriales. Notre objectif est de travailler avec 150 territoires en 2024, en lien avec des intercommunalités volontaires. Elles nous aident à mobiliser les artisans, que nous formons avec des financements issus de certificats d’économie d’énergie, et à identifier les ménages à accompagner. » Cette phase de déploiement achevée, et la faisabilité technique et financière d’une rénovation performante expérimentée et documentée sur un nombre significatif de maisons individuelles (un peu plus de 200), les rénovations globales pilotées par Dorémi vont pouvoir se multiplier au rythme annuel d’un millier à partir de 2024, « sachant que l’enjeu national est sans commune mesure et que nous voyons avec grand intérêt d’autres opérateurs se mobiliser », assure Vincent Legrand.

Un objectif à défendre

Aujourd’hui, la rénovation performante a sa définition légale. L’article 155 de la loi Climat et résilience, voté en août 2021, qualifie de “performante” une rénovation qui aboutit à la classe A, B, ou dans de nombreux cas C, soit une consommation énergétique moyenne du bâtiment de 180 kWh/m²/an. C’est loin de ce que Dorémi pratique et de ce que le Code de l’énergie prône pour la rénovation : l’équivalent du niveau BBC (bâtiment basse consommation), soit 80 kWh/m²/an. « C’est déjà une étape dans la structuration de la politique publique française, admet Vincent Legrand, qui reste vigilant : on n’est jamais à l’abri d’une remise en cause de l’objectif BBC. »

Huit millions de logements à rénover d’urgence

Le parc de logements représente plus de 30 % de l’énergie consommée en France. Plus de la moitié est constitué de maisons individuelles (17 millions sur 33). Parmi elles, 8 millions datent d’avant 1975 et sont les plus énergivores, car construites avant le choc pétrolier et les premières réglementations thermiques.

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