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Électricité renouvelable : la France reste en retard
Portée par une filière photovoltaïque particulièrement active, la production électrique renouvelable progresse en France, mais insuffisamment au regard des objectifs fixés. Au niveau des régions, l’Occitanie et la Guyane se distinguent particulièrement.
Fin janvier, l’Observatoire des Énergies Renouvelables (Observ’ER) a mis en ligne la 14e édition du baromètre des énergies renouvelables électriques en France, un travail réalisé en partenariat avec l’Ademe et la FNCCR. Chaque nouvel opus de cette étude est l’occasion de revenir sur l’activité des différentes filières et de faire le point sur l’avancée du pays vis-à-vis de ses objectifs.
L’un des premiers enseignements de l’édition 2023 est la confirmation de l’impressionnante dynamique du photovoltaïque. Depuis 2021, la filière solaire est définitivement devenue la technologie installant le plus de nouvelles capacités de production chaque année, loin devant l’éolien. En 2023, le secteur a dépassé les 3 GW de puissance nouvellement raccordée, un chiffre trois fois supérieur au marché annuel de la décennie 2010-2020.
Plébiscite de l’autoconsommation
Pour les professionnels du secteur, l’explication vient essentiellement du fait que le solaire est désormais identifié comme la meilleure technologie pour se prémunir des hausses futures des factures d’électricité. Une approche que particuliers, collectivités, PME ou grands groupes ont intégrée dans leurs réflexions. La facilité d’installation du photovoltaïque et la baisse continue du prix des équipements sont de solides arguments. De plus, la filière est poussée par le formidable engouement pour l’autoconsommation.
Chaque année, le parc total cumulé des installations photovoltaïques en autoconsommation double. Il était de 500 MW fin 2021, puis de 1,1 GW à fin 2022 pour dépasser les 3 GW fin 2023. Le baromètre traite également du développement de l’autoconsommation collective, les collectivités étant généralement à l’initiative des opérations actuellement en fonctionnement.
En revanche, côté éolien, la croissance est beaucoup moins soutenue. La filière terrestre ne parvient pas à accélérer sa croissance et reste autour d’un seul GW ajouté par an. Concernant l’éolien en mer, aucun nouveau parc n’est entré en production en 2023. Ainsi, si la progression de l’électricité renouvelable en France est plus vigoureuse depuis trois ans, le pays n’en reste pas moins en retard sur ses objectifs. Avec une part des renouvelables de 28 % dans la consommation électrique en 2022, le seuil visé à fin 2030 de 40 % (issu notamment de la loi Énergie et climat de 2019) semble trop haut pour être atteint.
Dynamiques régionales diverses
Au-delà de la trajectoire française dans son ensemble, le baromètre analyse en détail les dynamiques de chaque région. En métropole, trois régions ont un taux de couverture de leur consommation électrique par des sources renouvelables supérieur à la moyenne nationale (28 %). Dans ce classement, l’Occitanie arrive en tête avec un taux de 40,1 % en 2022. Les clés de cette réussite tiennent dans l’équilibre que la région a su trouver entre les différentes technologies. En effet, l’Occitanie a l’avantage de pouvoir disposer d’un parc hydraulique conséquent (5,5 GW, le deuxième parc en France derrière la région Auvergne – Rhône-Alpes), qui s’associe avec de solides capacités en photovoltaïque (3,5 GW, deuxième parc derrière la Nouvelle-Aquitaine) et en éolien (1,7 GW, cinquième parc régional).
Toutefois, si on intègre les territoires d’outre-mer, la Guyane dispose du meilleur taux de couverture avec un niveau de 71 % et un mix électrique reposant en grande partie le secteur de l’hydroélectricité. La région n’a cependant pas réussi à atteindre ses objectifs à fin 2023 en termes de développement de ses capacités. C’est notamment le cas pour l’éolien : 20 MW de puissance étaient attendus alors qu’aucun site n’est pour l’instant actif dans ce territoire.