Initiatives
En Gironde, une école exemplaire labellisée E4C2
L’école Frida Kahlo est le premier établissement scolaire à avoir obtenu cette labellisation très exigeante sur l’efficacité énergétique et l’impact carbone. Tournée vers l’environnement et la nature, elle a été entièrement conçue en bois.
« On va faire l’école la plus écolo possible. » C’est ce que s’est dit en 2017 Brigitte Terraza, maire (divers gauche) de Bruges (Gironde). La ville comptant une population croissante, un nouveau groupe scolaire est alors nécessaire. « L’idée de notre équipe municipale, c’était de pousser le plus possible les curseurs environnementaux pour donner l’exemple, et aussi aider à structurer des filières locales. Nous avons en ce sens été accompagnés par Bordeaux métropole, et avons décidé de tendre vers le label E4C2, que nous avons finalement obtenu. »
Ce label Énergie positive et réduction carbone atteste à la fois de la performance énergétique du bâtiment et de son niveau d’émissions de gaz à effet de serre. Le premier niveau (E) est compris entre 1 et 4 pour la performance énergétique ; le 4 correspondant à un bâtiment à énergie positive, tandis que le second niveau est compris entre 1 et 2 pour la réduction des émissions de carbone.
Une école résistant aux canicules
La Ville lance donc un concours en conception-réalisation, avec un cahier des charges peu contraignant – si ce n’est d’être très avancé sur les questions environnementales – pour obtenir des propositions sortant des sentiers battus. « Ce mode de concours nous a permis de concevoir une école innovante, puisque nous avons pu prendre des risques, ce qui n’est pas possible avec un concours classique. Là, il y a eu beaucoup de temps d’échange où nous avons expliqué le pourquoi de nos choix, et donc aussi le fait que ce soit plus coûteux, indique Chloé Bodart, architecte associée chez Compagnie architecture, qui a signé le projet. L’ambition était d’être le plus sobre possible, en utilisant peu de matières, toujours en jouant sur les connexions intérieur/extérieur, puisque chaque classe donne directement dehors. »
La structure du groupe scolaire Frida Kahlo, qui comprend 16 classes, est entièrement en bois : charpente, ossature, isolation extérieure, bardage. Le chauffage est assuré par deux chaudières bois de 56 kW chacune, complémentées par un puits canadien, par ailleurs très utile l’été. Il aspire l’air extérieur, le refroidit dans un réseau souterrain (température moyenne autour de 12 °C) avant de le rejeter dans les classes. Une double isolation s’ajoute au dispositif. Résultat : lors des pics de chaleur, les salles n’ont pas excédé les 24 °C et l’école a pu rester ouverte, contrairement à d’autres en France, où les enfants étaient soumis à des températures grimpant parfois jusqu’à 35 °C…
Consommations énergétiques très basses
Des panneaux photovoltaïques d’une puissance de 50 kW, en vente totale, couvrent aujourd’hui, trois ans après l’ouverture de l’école en septembre 2022, près de l’intégralité des besoins de l’établissement en électricité. « Globalement, les consommations d’énergie de cette école (50 kWh/m²) sont quatre fois moins importantes que celles des autres groupes scolaires de Bruges, et deux fois moins que la norme du neuf pour un projet équivalent », ajoute la maire, très sollicitée par ses homologues de la métropole pour des conseils et visites.
Même si le budget total de 13 millions d’euros dépassait de 12 % celui de la construction d’une école « classique », le surcoût a donc été rapidement absorbé. Après trois années complètes de fonctionnement, la maire est ravie : « Les enseignants ont postulé ici parce qu’ils sont très motivés par la transition énergétique et par la démarche pédagogique, à savoir le lien avec la nature, la biodiversité, l’exploration du dehors via des plantations… Nous avons aussi de nombreux retours de parents ravis que leurs enfants soient éveillés sur ces questions-là. »
Pour en savoir plus
Pour en savoir plus sur le projet et découvrir tout l’aspect inclusif de ce groupe scolaire, avec notamment une cour totalement repensée, et pas seulement créée autour des jeux de ballon, rendez-vous sur le site de Compagnie architecture.
« L’École bien dans ses murs. Pour une rénovation écologique du bâti scolaire »
L’Alliance écologique et sociale (AES), regroupant syndicats et associations, publie un rapport alarmant sur l’état du bâti scolaire en France. Les bâtiments scolaires souffrent de fortes dégradations : chaleur excessive l’été, froid l’hiver, isolation défaillante, infiltrations et absence de végétalisation. L’enquête menée par les syndicats révèle que 61 % des enseignants souffrent du froid en classe et 95 % de la chaleur. Enfin, 85 % déclarent l’absence totale de dispositifs écologiques de régulation des températures dans leur établissement. Ces conditions nuisent à la santé des élèves et personnels, aggravent les inégalités sociales et territoriales, et compromettent la réussite scolaire. En juin 2025, plus de 80 départements ont subi une canicule entraînant la fermeture de 2 200 établissements, en pleine période d’examens nationaux. Le rapport souligne que seulement 14 % des établissements répondent aux normes de performance énergétique. 86 % du parc nécessiterait donc une rénovation en profondeur. De plus, 10 % des bâtiments présentent un état de vétusté avancé. Le bâti scolaire représente 30 % du patrimoine public, soit 63 000 établissements couvrant 157 millions de m². Ces infrastructures sont responsables de 1,5 % des émissions françaises de GES. Elles consomment 12 % de l’énergie du secteur public, et 82 % de l’énergie communale. AES demande un investissement supplémentaire de 5 milliards d’euros immédiats. À plus long terme, il faudrait mobiliser 50 milliards sur dix ans pour respecter les objectifs du décret tertiaire. Un plan national de rénovation énergétique est jugé indispensable.