Le tour de la question
Évaluer les coûts d’une politique vélo
Une plateforme en ligne analyse les coûts du déploiement d’une politique vélo pour les collectivités, en s’appuyant sur les données de celles ayant franchi le pas.
Le Club des villes cyclables a lancé en avril dernier une plateforme en ligne sur les coûts des politiques vélo pour les collectivités locales. Elle prolonge le guide paru en 2022 sous une forme évolutive et collaborative : les coûts sont régulièrement actualisés ainsi que les aides, des données peuvent être partagées par les utilisateurs, les exemples de projets s’enrichissent au fil des contributions des collectivités, fournisseurs ou prestataires.
Ainsi, la ville de Lannion, qui porte un plan vélo de 6 millions d’euros sur dix ans (2021-2032), a alimenté la plateforme après en avoir testé la version bêta. Cécile Greffion, chargée de mission Transition écologique à la mairie, reconnaît que certaines fourchettes de prix présentées sur la plateforme peuvent être larges : une chaussée à voie centrale banalisée (CVCB), aménagement pratiqué en milieu rural, s’évalue à 75 000 €/km en moyenne, dans une fourchette de 10 000 à 145 000 € ! « Les coûts dépendent grandement du contexte, explique-t-elle : pour notre projet, nous n’avons pas eu besoin de toucher à la voirie, nous avons juste payé de la peinture et de la signalisation. » Budget : 12 500 €/km.
Limiter l’autofinancement
Une politique vélo ambitieuse comme celle de Lannion représente un budget important pour cette commune de moins de 20 000 habitants : « Même si la volonté politique est forte, il est important d’aller chercher des aides financières afin de limiter l’autofinancement. Il était de 20 % au début, mais il évolue à 40 %, car les subventions sont partagées entre de plus en plus de collectivités locales qui se lancent dans une politique vélo, et les prix des travaux en voirie peuvent augmenter. Pour créer une voie verte, nous avons eu à traverser une zone humide : il a fallu construire une piste sur pilotis, plus onéreuse que prévu. Il est possible que nous ayons à reporter des opérations prévues au plan du fait aussi de l’augmentation générale des prix. »
La commune a été financée par le fonds national « mobilités actives », la dotation de soutien à l’investissement public local, le programme Bien Vivre partout en Bretagne, le Département (contrat de territoire) et Lannion Trégor Communauté.
Une réussite
La pratique du vélo a explosé depuis le lancement du plan « et l’arrivée des vélos électriques », ajoute-t-elle, avec des hausses de fréquentation parfois exponentielles : + 79 % entre 2021 et 2024 sur la rue de l’Aérodrome ou + 171 % entre 2016 et 2023 avenue de la Résistance. « Cette politique répond à une importante demande, identifiée lors de la concertation, de sécurisation des itinéraires. Pour toucher de nouveaux publics, au-delà des habitués, c’est indispensable. » Cécile Greffion a consulté à plusieurs reprises la plateforme : « nous avons une expertise sur les aménagements, car nous avons réalisé quasiment toute la gamme des possibles en ruralité. Je la partage, mais je suis preneuse d’informations sur les services, comme l’aide à l’achat de vélo, que nous étudions. Il faut cependant creuser, prendre contact avec les responsables, car le site ne dit pas tout. »