Incub’ : remettre l’usager au cœur de la transition énergétique

Qu’est-ce qu’Incub’ ?

Amélie Maroiller : Nous avons, avec Pascal Lenormand, cofondé Incub’ il y a près de dix ans. Nous nous définissons comme des hackers énergétiques. Notre objectif est de poser un regard nouveau et pragmatique sur la transition énergétique. Nous aidons les organisations à se libérer de l’addiction généralisée à l’énergie en déployant ce que l’on appelle la Méthode Design énergétique®, qui a été élaborée par Pascal Lenormand dans les années 2010. Notre siège est en Creuse, mais nous intervenons sur tout le territoire et sur les pays frontaliers. Nous travaillons via deux axes : un volet formation, un autre expertise-conseil où nous accompagnons sur mesure nos clients.

Qui sont les organisations que vous accompagnez ?

AM : Elles sont assez diverses, mais nous suivons beaucoup de structures culturelles, de collectivités (via les agents, les directeurs techniques…). Dans les formations, on retrouve aussi des bureaux d’étude, des conseillers en énergie partagée… En tout, plusieurs centaines de collectivités ont été suivies.

Comment définissez-vous la méthode d’Incub’ ?

AM : L’idée principale est de décloisonner, de faire travailler ensemble les différentes parties prenantes, et surtout de remettre l’usager au cœur des discussions. Ce que l’on remarque, c’est que la plupart du temps, ils ne sont pas écoutés, alors que beaucoup de solutions peuvent émaner d’une description précise de leurs problématiques. On résume souvent en disant que notre pratique thermique est centrée sur l’humain, avec l’ambition de mettre en œuvre des situations confortables en puisant autant dans la science du vêtement que dans les techniques du bâtiment. Globalement, la méthode se déploie en trois axes : d’abord en faisant diminuer les consommations jusqu’à 30 % rapidement et sans travaux, ensuite en améliorant les services énergétiques rendus, et enfin en planifiant une stratégie de travaux.

Comment vous y prenez-vous concrètement ?

AM : Nous travaillons sur la notion de confort sobre. Nous allons regarder de manière très minutieuse les usages des bâtiments. Nous repérons d’abord toujours du pur gaspillage (une partie d’un bâtiment chauffée alors qu’il n’y a personne), et nous questionnons ceux qui pratiquent le lieu. Pour exemple, nous sommes intervenus sur un lieu où des agents se mettaient en grève depuis trois hivers, car ils avaient froid à leur poste de travail. Après mesures, on s’est rendu compte qu’il faisait pourtant plus de 22 °C, mais le confort thermique dépend de plusieurs paramètres.

En France, on a l’habitude de ne parler que de la température d’air, c’est très insuffisant. Il faut aussi travailler sur les autres paramètres environnementaux – l’humidité relative, la vitesse d’air, la température radiative – et humains, à savoir le métabolisme et l’habillement. Donc dans des situations comme celle-ci, nous travaillons sur toutes ces notions (modifier le poste de travail, son planning, adapter le mobilier… ), avant de nous pencher sur la question du mode de chauffage en tant que tel.