Portrait
Joseph Hughes : la possibilité d’une île à énergie positive
Directeur général des services de la communauté de communes de l’île d’Oléron, Joseph Hughes est le grand exécutant, depuis son origine, de la politique de transition énergétique de cette « mini-planète » qui, selon lui, a « un devoir d’exemplarité ». Portrait.
Si, en été, il peut y avoir jusqu’à 328 000 personnes en simultanée sur l’Ile d’Oléron, seules 23 000 y résident en permanence. Parmi elles, Joseph Hugues, 42 ans, est directeur général des services de la communauté de communes. « C’est un territoire particulier, qui connait à la fois des problématiques rurales et, durant un mois, celles d’une grosse agglomération », constate-t-il. « Il faut sans cesse s’adapter. » Originaire de la région parisienne, Joseph Hugues est tombé amoureux de la mer à 14 ans lors d’un voyage à la rencontre des baleines à bosse. Devenu passionné de voile et d’environnement, il a suivi des études d’économie à Aix-en-Provence avant d’intégrer une maitrise et une école préparatoire à La Rochelle. Après avoir obtenu son diplôme d’attaché territorial, il a envoyé une candidature spontanée à la communauté de communes de l’Ile d’Oléron, où se libérait le poste de secrétaire général. Le président, qui avait lui-même créé son entreprise à 23 ans, n’a pas hésité à lui confier les clés de la structure. A l’époque, elle avait trois ans et comptait une dizaine de salariés. 18 ans plus tard, ils sont cent de plus.
Un écho particulier
Arrivé à un moment où « tout était à faire », Joseph Hugues a accompagné le développement de la communauté de communes. Priorité ayant été donnée à l’aménagement d’équipements structurants, la question écologique a fait son apparition en 2008, à la faveur d’un nouveau président et d’un premier Agenda 21, impulsé par Joseph Hugues et intégrant la lutte contre le changement climatique. En 2014, une nouvelle présidence a conforté le mouvement avec la rédaction d’un Acte II comprenant un ambitieux volet en matière de transition énergétique. « J’ai vécu la fin de l’ère du tout pétrole. Je suis de la génération qui a pris conscience des enjeux environnementaux et accompagne ces transformations profondes. J’ai la chance de pouvoir le faire à Oléron où ce discours a un écho particulier. Quand vous expliquez aux gens que, demain, leur île pourrait être sous l’eau, il y a un impact », note-t-il. « Tout le monde ici est d’accord pour changer les choses. Il y a encore beaucoup à faire, mais c’est en bonne voie. »
Objectif 2050
Intégrée aux programmes Territoires à énergie positive (Tepos) et pour la croissance verte (TepCV), la collectivité a élaboré sa stratégie en 2015, avec des objectifs aux horizons 2018, 2030 et 2050. L’île, dès lors, devra produire plus d’énergie qu’elle n’en consommera. Pour l’heure, les actions s’enchaînent, depuis l’extinction nocturne des 8 communes en 2015 jusqu’à la création en mai dernier d’une société citoyenne de production d’énergie renouvelable, en passant par l’élaboration de cadastres solaires et l’équipement des grandes toitures publiques – via un budget consacré. Aujourd’hui, les défis portent sur l’assouplissement de la Loi littoral, qui permettrait le développement de centrales photovoltaïques en sites dégradés, et sur l’aboutissement du projet de parc éolien offshore au large de l’île. Mais c’est vers 2050 que Joseph Hugues porte son regard. « Oléron est une mini-planète où l’on touche du doigt la fragilité, la beauté et la richesse de notre environnement. Nous avons un devoir d’exemplarité », estime-t-il. « Si nous devenons un territoire à énergie positive, cela signifiera que tout le monde peut le faire. »