Le tour de la question

La difficile transition des villes et quartiers populaires

Afin de faciliter la transition écologique des villes et des quartiers populaires, une récente étude préconise l’augmentation des moyens financiers dont peuvent disposer les collectivités. Elle recommande également un meilleur accompagnement des élus, notamment pour l’accès aux aides disponibles, ainsi que l’implication des acteurs locaux pour assurer le succès des projets.

PAR ARNAUD WYART - JANVIER 2022
La transition des quartiers populaires doit devenir un axe d’intervention, au même titre que la lutte contre les discriminations, la lutte contre la précarité alimentaire, l’emploi, etc. ©Pixabay

En septembre 2021, l’association des maires Ville & Banlieue de France  et l’Agence France locale ont révélé les résultats de leur étude baptisée Financement de la transition écologique dans les villes de banlieue. Dans ces territoires, si les élus ont parfaitement conscience de l’urgence climatique, la transition est en effet plus difficile à mettre en œuvre pour des raisons économiques. « Les villes, tout comme les quartiers populaires d’ailleurs, sont déjà confrontées à un certain nombre de problématiques, notamment en matière d’alimentation ou de santé, ainsi qu’à une grande précarité énergétique, mais elles disposent de peu de ressources. Par exemple, on retrouve souvent dans le parc privé les logements les moins chers et donc les moins bien isolés, mais les collectivités concernées ne disposent pas des moyens nécessaires à leur rénovation. Aujourd’hui, dans ces territoires, le principal frein est avant tout financier », explique Anne-Claire Boux, trésorière de Ville & Banlieue et adjointe à la mairie de Paris, en charge de la politique de la ville. Pour augmenter les capacités financières de ces collectivités et leur permettre d’investir, l’étude préconise le recours à des outils existants tels que les aides d’État ciblées, les subventions, les aides européennes, ou encore les emprunts traditionnels. Un accompagnement doit également être mis en œuvre pour faciliter l’accès à ces outils (via des appuis extérieurs, le recrutement d’agents, l’obtention de labels, etc.). « L’une de nos revendications porte également sur les appels à projets. L’État en lance en effet beaucoup dans le domaine de la transition écologique, mais les petites collectivités comptant des villes ou des quartiers populaires ne disposent pas de l’ingénierie nécessaire pour y répondre. Afin de les aider à s’emparer du sujet, il a pourtant la possibilité de leur accorder directement des moyens financiers, sans passer par la procédure des appels à projets. Les élus auraient ainsi la possibilité de travailler plus efficacement et plus rapidement sur le terrain. Pour cela, il faut réinstaurer un climat de confiance entre l’État et les territoires, mais aussi répondre à la question de la pérennité des initiatives. Généralement, les appels à projets classiques portent sur des durées de 2/3 ans. Des financements devront donc être levés pour le long terme », précise Anne-Claire Boux.

Mobiliser l’ensemble des parties prenantes

Pour que les collectivités puissent disposer d’une réelle capacité d’intervention sur ces territoires, l’étude pose également comme condition un montage des projets avec les acteurs locaux. Dans le cadre des contrats de ville (1) par exemple, les communes peuvent intégrer la transition écologique des quartiers populaires. « Lors du renouvellement des contrats de ville, la transition de ces quartiers doit devenir un axe d’intervention, au même titre que la lutte contre les discriminations, la lutte contre la précarité alimentaire, l’emploi, etc. À Paris, nous avons mis en place un dispositif permettant de subventionner des associations qui vont monter des projets dans les quartiers populaires. L’objectif consiste à inciter des initiatives locales autour de la sensibilisation à l’environnement, à la biodiversité, etc. Il est important de faciliter le pouvoir d’agir des habitants, d’autant que ceux-ci ont des idées et qu’ils sont préoccupés par les enjeux climatiques », indique Anne-Claire Boux. L’étude recommande l’intégration des citoyens, mais également celle des services administratifs et des élus. Cela peut passer par des comités de quartier, des conseils citoyens ou encore des financements participatifs. « Il ne faut pas que la transition soit vécue comme une contrainte. Outre l’augmentation du pouvoir d’achat (par exemple via la réduction des factures énergétiques en lien avec les travaux de rénovation), les projets peuvent être l’occasion de créer du lien social. Il existe dans les quartiers et les villes populaires un maillage associatif encore très fort et beaucoup de solidarité », explique Anne-Claire Boux.

(1) Signés par l’État, les collectivités locales et leurs partenaires, les contrats de ville formalisent l’intervention des pouvoirs publics dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ils reposent sur trois piliers : la cohésion sociale, le renouvellement urbain et cadre de vie, ainsi que le développement économique et l’emploi.

Les leviers de transition

Pour accélérer la transition écologique des villes populaires et son financement, l’étude met en avant trois principaux leviers :

  • Intégrer les citoyens pour légitimer les dépenses, en créant des comités de quartiers, en mettant en place des budgets participatifs, en subventionnant le tissu associatif, etc.
  • Acculturer les administrations et les élus du bloc communal, en recrutant des agents pour la veille sur les appels à projets et les subventions, en créant une mission « transition écologique et développement durable » avec un pilotage transversal, etc.
  • Rendre les finances vertes, en recourant à des prêts fléchés verts ou durables, en bénéficiant de financement d’opérateurs publics tels que l’Ademe et Banque des territoires, etc.

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