Initiatives

La Géothermie fait son trou à Strasbourg

La métropole strasbourgeoise mise sur la géothermie, si possible éloignée des habitations, pour fournir à certaines entreprises et administrations une énergie à prix stable sur plusieurs décennies.

PAR JEAN-FRANçOIS GéRARD - SEPTEMBRE 2018
©Jean-François GERARD

Le forage du puits de géothermie d’Illkirch-Graffenstaden, une commune au sud de Strasbourg, arrive bientôt aux 3 000 mètres. Si la température de l’eau des sous-sols – environ 150 °C – est assez bien documentée, une petite incertitude reste en ce qui concerne la pression, qui permet de faire remonter l’eau à l’aide d’une pompe.

Avec un objectif de puissance thermique de 26 MW et d’énergie thermique de 28 000 à 50 000 MWh/an, ce gisement pourrait alimenter 13 000 “équivalents logements”. En plus de la chaleur, l’électricité produite par cogénération (22 000 MWh/an) correspond à la consommation de 2 600 habitations.  Au total, cela ferait 11 000 tonnes de CO2 évitées chaque année, la durée de vie de l’installation étant estimée à vingt-cinq ans.

Cet investissement de 40 millions d’euros est porté par Énergies Strasbourg (ex-Électricité de Strasbourg – ES), une filiale locale d’EDF. Il est assorti d’une garantie de 4,9 millions d’euros de l’Ademe et de la Région Grand Est, fournie dans le cadre du Fonds géothermie, au cas où le débit s’avérerait insuffisant. « Si on investit 36 millions d’euros dans une énergie, c’est qu’on est assez confiant sur son potentiel », explique Marc Kugler, le directeur d’ES, dont la société gère aussi la centrale pionnière en France de Soultz-sous-Forêts (1,7 MW) et celle à vocation industrielle de Rittershoffen (24 MW).

Jusqu’à 650 points de livraison à partir de 2021

Principal avantage, des prix stabilisés et une ressource disponible 24h/24. « Mi-2017, le prix du gaz était autour de 18/19 € le MWh. Désormais, nous sommes à 24/25 €/MWh, soit + 25 % en un an. Ici, le prix sera stabilisé sur vingt-cinq ans, complète le directeur. La géothermie ne suit pas des conditions de rachat, elle doit être compétitive entre une solution individuelle et une solution collective. » Le prix de vente à L’Eurométropole est confidentiel. Elle confiera ensuite la gestion d’un réseau urbain de chaleur, qui reste à construire, à un opérateur via une délégation de service public. Au bout des tuyaux de 12 à 15 kilomètres, jusqu’à 650 points de livraison à partir de 2021.

Si les élus strasbourgeois misent sur la géothermie pour assurer la transition énergétique, c’est parce que les sous-sols alsaciens sont riches. Et si cet emplacement a été choisi, c’est pour sa localisation dans un champ, à proximité d’un parc d’entreprises et d’universités mais loin des habitations. Ailleurs, les riverains ont été échaudés par des opérations problématiques, quand bien même les technologies sont différentes (notamment la géothermie peu profonde à Lochwiller, dans le Bas-Rhin). Un projet au Port aux pétroles, à Strasbourg, a été annulé. À l’ouest, un autre se heurte aux résistances d’un maire, tandis qu’un troisième dossier a été présenté trop tard, le permis de forer étant échu. En revanche, un puits similaire, exploité par la société Fonroche dans le nord de la métropole, à la place d’une raffinerie et à destination d’un futur parc d’entreprises, est à un stade un peu plus avancé de quelques mois.

Une pédagogie indispensable 

Avec Fonroche, anciennement spécialisé dans le photovoltaïque et venu du Sud-Ouest, Robert Herrmann, président (PS) de l’Eurométropole reconnaît que « ça a été plus compliqué au début. Ils n’étaient pas connus, ils sont arrivés à peine les permis obtenus. Mais ça va mieux. » ES fait de son côté beaucoup d’efforts sur la pédagogie et la présentation de son infrastructure. Quant aux négociations tarifaires, « ce sont tous les deux des acteurs économiques, il n’y a pas de cadeau », résume Robert Herrmann.

Pour le député Sylvain Waserman (Modem), « ce modèle territorial (des entreprises gestionnaires de l’énergie à périmètre local et non national) crée une relation particulière [serait] à promouvoir, y compris pour les modèles plus jacobins ». Il a lui-même été directeur de Réseau GDS, société d’économie mixte qui s’occupe de la distribution d’énergie, notamment du gaz, à Strasbourg et dans 117 communes voisines. Cette société historique se trouve en situation de quasi-monopole malgré l’ouverture à la concurrence. Un seul opérateur a essayé de se lancer en 2018…

L’installation en chiffres

  • 26 MW : la puissance espérée du puits à 3000 m de profondeur, 24 h/24 ; 7 j/7
  • 25 ans : la durée de vie estimée du puits de géothermie.
  • 650 : le nombre de clients potentiels (entreprises, agences, administrations, locaux universitaires).
  • 40 millions d’euros : le coût de l’investissement par l’opérateur.

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