Portrait

La transition énergétique : une problématique souvent insoluble pour les petites communes

S’ils sont prêts à engager leur transition, les élus des petites communes se heurtent à un manque d’informations et de moyens. Pourtant, des solutions existent. Rencontre avec Anne-Fleur Kerouedan, chargée de mission EnR à l’Agence locale de l’énergie et du climat d’Indre-et-Loire.

PAR ARNAUD WYART - FéVRIER 2020
Anne-Fleur Kerouedan, chargée de mission EnR à l’Agence locale de l’énergie et du climat d’Indre-et-Loire ©DR

Anne-Fleur Kerouedan travaille quotidiennement avec des élus de petites communes et depuis quelques années, elle constate chez eux une réelle volonté de sengager dans la transition énergétique (TE). En cause, le contexte actuel et une prise de conscience, mais également des enjeux financiers. « Ces communes doivent souvent gérer un patrimoine lourd en termes de facture énergétique. Avec les augmentations de tarifs régulières, elles cherchent des solutions malgré des budgets de plus en plus serrés. Pour cela, une combinaison d’actions peu coûteuses est possible, notamment en matière de sobriété (comportements, régulation du chauffage, etc.). En revanche, pour ce qui concerne la rénovation, l’efficacité énergétique et les EnR, les petites collectivités ne sont pas forcément en mesure d’apporter en interne les compétences et les investissements nécessaires », explique-t-elle. Certes, des élus mènent seuls des actions sporadiques sur des bâtiments, mais celles-ci sont loin d’être efficaces. « Par exemple, ils ne vont remplacer qu’une fenêtre sur deux, alors qu’une modification totale leur aurait peut-être permis d’accéder à des subventions. Avec un programme d’isolation et un passage aux EnR, la charge du bâtiment aurait même très fortement baissé : 50 %, voire plus ! Mais l’investissement est alors bien plus conséquent et demande une forte implication. »

Optimiser les subventions

Pour remédier aux problèmes de financement, les petites communes ont la possibilité d’accéder à différentes aides : de l’Ademe, de leur région, de l’Europe, etc. Mais il s’agit d’un univers opaque et très complexe : outre une longue liste de subventions – et chacune impose des conditions –, il existe généralement plusieurs interlocuteurs pour un même projet. Si un élu souhaite mettre en œuvre une action bien précise, l’idéal consiste pour lui à se tourner vers des structures telles que l’Alec 37. « Via nos rapports avec les services de la région et ceux de l’Ademe, nous avons une bonne connaissance des dispositifs qui sont à la portée des petites communes, notamment en matière de rénovation et d’EnR. Il n’est pas évident d’accéder seul à l’information et de savoir ensuite comment s’y prendre pour effectuer les demandes », expose Anne-Fleur Kerouedan. À ce titre, il faut savoir qu’une subvention est toujours délivrée pour un thème particulier. Dans le cadre d’une chaudière bois par exemple, sont ainsi pris en compte la construction de la chaufferie, l’achat de la chaudière et des matériels, mais d’autres coûts ne rentreront pas dans l’assiette éligible. « Si le projet global intervient sur la rénovation et les EnR, la commune va devoir chercher d’autres subventions afin de couvrir au maximum l’investissement. Il s’agit d’établir un programme de travaux le plus compatible possible avec les aides. Cela passe notamment par le choix des solutions les plus performantes. »

Pari réussi pour la commune de Chargé

Enfin, il est nécessaire de rappeler que les subventions ne sont pas accordées automatiquement. Les demandes sont soumises à validation et les délais d’instruction, assez longs, varient en fonction des différentes aides. Les subventions sont même parfois versées après la fin du chantier. « Une fois la demande validée, il faut d’ailleurs faire une nouvelle demande pour obtenir l’aide. Si une équipe municipale vient à changer, il est impératif d’assurer une continuité. Entre temps, certains élus n’ont parfois pas d’autre choix que de contracter un crédit à court terme pour payer les entreprises. » Ce processus fastidieux peut effrayer les maires de petites communes, mais grâce à lui, des programmes d’envergure sont parfaitement réalisables, à condition d’être accompagnés. Exemple avec le projet initié en 2015 par la commune de Chargé, 1 300 habitants. « Des subventions à plusieurs niveaux (bâtiment démonstrateur, plan isolation de la région, aides régionales pour les EnR) ont permis de rénover la mairie et l’école maternelle pour faire baisser le niveau global de consommation, mais également d’alimenter les bâtiments avec du bois – via une chaufferie –, une énergie moins chère, au kilowatt heure, que l’électricité anciennement utilisée. C’est une forme de retour sur investissement très rapide », conclut Anne-Fleur Kerouedan.

Alec 37

L’Agence locale de l’énergie et du climat d’Indre-et-Loire est une structure de proximité qui réunit tous les acteurs de l’énergie. Sa principale mission consiste à informer et accompagner des particuliers et des collectivités via des conseillers en énergie partagés, des outils et des services mutualisés.

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