Initiatives

Le “coup de froid” de la Métropole de Nice

Pour alimenter en énergie un nouveau quartier de 540 000 m² de surface de plancher, la Métropole Nice-Côte d’Azur initie une “offre de froid urbain” à partir d’une nouvelle centrale géothermique sur nappe. « On ne peut pas continuer avec des climatiseurs partout », justifie Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var.

PAR FRANCK TURLAN - JUIN 2020
Après la pause du réseau, le chantier de la centrale géothermique débute en début d’été. ©Métropole Nice-Côte d’Azur

À Nice Méridia, groupes de climatiseurs et radiateurs électriques n’auront pas droit de cité. Grâce à l’initiative de la Métropole Nice-Côte d’Azur, il ne devrait pas être nécessaire de recourir à ces appareils emblématiques de notre société de consommation, pas chers à l’achat mais énergivores… et franchement nuisibles. « Sans parler du problème architectural des blocs de clim’, ou de leurs nuisances sonores, on a celui des îlots de chaleur qu’ils renforcent en centre urbain : en ville, la moitié de l’énergie consommée par un climatiseur sert à contrebalancer le surcroît de chaleur généré par l’ensemble des clim’… On ne peut pas continuer comme ça », souligne Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var, président de la commission eau-assainissement-énergie de la Métropole.

Obligation de se raccorder au réseau

Pour ce nouveau quartier Nice Méridia, les élus locaux ont donc écarté les solutions individuelles qui aggravent les effets du dérèglement climatique (mais aussi les causes, avec les gaz des climatiseurs). Ils ont privilégié une solution technique collective, à partir d’une source d’énergie renouvelable : l’eau. Pour fournir en énergie les futurs 540 000 m² de bureaux, logements et locaux d’université, la Métropole s’est orientée fin 2014 vers la création d’un réseau de chaleur et de froid, dont les calories seront générées par une nouvelle pompe à chaleur géothermique.

D’ici la fin de l’été, la construction d’une centrale de 17 MW sera entamée au nord de la ville. « On captera les calories sur la nappe d’accompagnement du Var, l’un des cours d’eau les plus puissants de France en période de crue, explique Hervé Paul. L’eau sera pompée en amont du quartier et rejetée en aval sur différents points, pour diluer l’impact sur la nappe phréatique. » Outre les informations apportées par les études réglementaires, la collectivité a pu s’appuyer sur sa connaissance très ancienne et “pointue” de la nappe du fleuve côtier. Celle-ci se situe entre 5 et 10 mètres sous la surface du quartier et affiche une température constante comprise entre 14 et 17 °C.

Des conditions physiques optimales pour « une offre de froid urbain écologique et concurrentielle », affirme l’élu local. La preuve ? « Nous avons pu convaincre les promoteurs immobiliers qui étaient déjà avancés dans leurs projets de rallier le futur réseau de chaleur, grâce à des tarifs intéressants sur le chaud, la climatisation et le rafraîchissement. » Les nouveaux permis de construire, eux, obligent les pétitionnaires à se raccorder à ce “réseau d’intérêt général”.

Préfigurer les quartiers de demain

Concernant le montage juridique et économique, la collectivité a opté pour une délégation de service public établie pour 25 ans. Dans son cahier des charges, elle a imposé au futur lauréat la création d’une société dédiée, ayant pour activité unique la concession, ceci afin de mieux contrôler la bonne exécution d’un programme où la maîtrise de l’énergie occupe une place de choix. Le marché, remporté par la société Idex, demande ainsi au délégataire l’optimisation du réseau de chaleur, via le stockage d’énergie, la recharge de véhicules électriques ou encore le “coaching” des occupants pour abaisser les consommations, en particulier l’été. « Avec la clim’, nous voyons s’élever chaque année le pic de consommation électrique d’été. Or, malgré les améliorations réalisées par Enedis, nous restons une péninsule sur le plan électrique, en bout de ligne depuis la vallée du Rhône », souligne Hervé Paul.

« Nice Méridia préfigure les quartiers de demain », estime l’élu local. Et pour la Métropole qui a finalisé il y a peu son plan climat, ce réseau de chaleur et de froid est le premier sur la liste le long du fleuve Var : « nous avons deux autres projets en amont. Le but est d’arriver d’ici 2025 à 100 MW de puissance installée au total et 100 GWh de production annuelle ».

Le projet en quelques chiffres

En prenant en compte la consommation électrique des pompes, le taux de couverture en énergie renouvelable devrait être de 82 % pour la production de chaleur et de 78 % pour le froid. L’investissement de 19 millions d’euros est réalisé par la société Idex, qui a remporté le marché de DSP et a prévu une rentabilité supérieure à 6 %. Les collectivités locales en tireront également des revenus annuels : 2,7 millions pour la Métropole au titre de la redevance pour occupation du domaine public et 0,7 million pour la Ville de Nice pour la taxe foncière. Pour les acheteurs de l’énergie, le tarif du MWh TTC est de 59,43 € pour la chaleur, 78,09 € pour le froid et de 72,39 € pour le rafraîchissement.

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