Décryptage
Le CTE de la Cleantech Vallée : un “laboratoire d’idées”
Signé en décembre 2018 avec l’État, le contrat de transition écologique (CTE) de la Cleantech Vallée se décline en 24 fiches actions sur quatre ans. Les acteurs gardois ont créé une association pour suivre chaque projet.
Le 3e contrat de transition écologique (CTE) a été signé par le ministère de la Transition écologique et solidaire le 6 décembre 2018. Il implique deux collectivités, l’agglomération du Gard rhodanien et la communauté de communes du Pont du Gard, aux côtés d’acteurs d’envergure nationale qui ont joué un rôle significatif localement, comme EDF, Sanofi ou le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives). « Le CTE n’est pas un projet, c’est une méthodologie qui nous permet de mobiliser les fonds ou les efforts de tous ceux qui le signent », souligne Jean-Christian Rey, président de l’agglomération du Gard rhodanien. Depuis plusieurs années, ce territoire marqué par la fermeture de sites industriels historiques fait l’objet de projets de reconversion. Le CTE en a accéléré le processus : 24 fiches actions ont été définies, comprenant chacune des indicateurs de suivi.
Panneaux solaires
Les collectivités ont ainsi accompagné le développement de centrales solaires par des acteurs privés, sur ou aux abords de friches industrielles non réutilisables. « On a eu l’autorisation de faire du photovoltaïque en bordure d’un crassier (déchets reconditionnés) de l’ancien site sidérurgique, crassier stabilisé avec des drains, revégétalisé et protégé, sur lequel et aux abords duquel on ne peut normalement rien faire. Le CTE nous a aidés dans ces démarches » explique Jean-Christian Rey. Un autre parc photovoltaïque est envisagé sur le crassier d’une usine de ciment. « Cela évite d’utiliser des espaces naturels », note le président de l’agglomération. Ces projets sont en attente d’une décision de la CRE (Commission de régulation de l’énergie).
Illustration du rôle des collectivités, So’Gard mobilise près de 100 M€ pour la construction et l’extension de sites dédiés à la gestion des déchets faiblement radioactifs. Il est financé par Socodéi, une filiale d’EDF. « Pour monter ce genre de projet, c’est une charge de travail énorme : il faut s’assurer du foncier, obtenir des autorisations, mener des études, travailler avec le élus locaux. Le CTE, ce n’est pas que de l’argent, ce sont aussi des gens qui se fédèrent autour de plusieurs projets », illustre Jean-Christian Rey.
Gouvernance originale
L’ensemble est coordonné par l’association Cleantech Vallée, qui comprend une douzaine de membres fondateurs ayant apporté chacun 20 000 euros. Une responsable d’EDF en assure la présidence. « ll faut que cela reste un outil très souple. Les réunions ont pour but de passer en revue les fiches actions, de voir quels leviers soulever en cas de problème », assure Émilie Pagès, directrice du développement économique à l’agglomération du Gard rhodanien. « On invente au fur et à mesure. C’est un laboratoire. Si on a besoin de se voir tous les quinze jours ou tous les trois mois, on se voit. Le but du CTE est d’être dans l’efficacité », assure le président de l’agglo. L’ensemble des actions du CTE mobilise 208 millions d’euros, dont 1,7 million de l’État et 1 million de la Région Occitanie, le reste étant financé par le secteur privé. Une partie des actions sera accompagnée par l’Ademe.