Initiatives
Le solaire thermique peut aussi être citoyen
En Ardèche et dans l’Isère, des toits solaires pour l’eau chaude sanitaire et le chauffage ont été financés par des sociétés citoyennes. Explications.
Des centrales photovoltaïques financées par les citoyens, en France, il y en a aujourd’hui pléthore. Mais du solaire thermique, beaucoup moins… Deux exemples sont connus : Ardelaine en Ardèche et le Préau des Colibris dans l’Isère, respectivement financés par deux sociétés citoyennes à gouvernance coopérative, Aurance énergies et Buxia énergies.
Consommation de gaz : – 30 %
Dans l’Ardèche, Ardelaine est une Scop d’une soixantaine de salariés qui a pour objet de restructurer une filière laine et d’agir pour le développement local. « En 2018, on réfléchissait à différentes façons d’entrer plus concrètement dans la transition énergétique. Solariser notre toit nous semblait intéressant, mais nous ne pouvions pas investir seuls », raconte Cécile Perradin, présidente du conseil d’administration d’Ardelaine. La Scop se rapproche alors d’Aurance énergies. « Nous travaillons notamment sur des projets photovoltaïques que l’on finance. Habituellement, nous sommes donc propriétaires des centrales et nous reversons un loyer à l’entité (petite entreprise, particulier…) prêtant son toit. On exploite ainsi la centrale en revendant l’électricité. Ici, le modèle est différent, même si l’on se positionne toujours en tiers investisseur. Déjà, nous sommes sur un toit hybride, à la fois photovoltaïque et thermique. Ensuite, il n’y a pas de revente, mais uniquement de l’autoconsommation – électricité, eau chaude sanitaire (ECS), chauffage. Via une convention de quinze ans, nous avons donc financé la centrale et Ardelaine nous verse un loyer », explique Denis Haton, président d’Aurance énergies. En l’occurrence 4 400 euros à l’année (dont 30 % correspondent à la partie thermique). La société citoyenne est aussi chargée de la maintenance. « Le thermique est ici une solution pertinente, car il y a d’importants besoins d’eau chaude pour le restaurant et l’atelier de transformation notamment, et aussi des besoins de chauffage. Nous sommes ravis, car notre consommation de gaz a baissé de près d’un tiers », poursuit Cécile Perradin.
Un loyer pendant dix ans
Dans l’Isère, une autre réalisation, plus modeste, a vu le jour en 2018 sur un habitat partagé, le Préau des Colibris. Dix personnes vivent dans 300 m² et ont fait installer une centrale thermique pour les besoins chauffage et ECS avec Buxia énergies, une société citoyenne coopérative. « Leur société civile immobilière nous paie un loyer pendant dix ans, calculé sur les économies de gaz prévues à l’époque, à savoir 800 euros par an », développe Éric Huet, président de Buxia. Depuis, les factures de gaz ont grimpé et le loyer, lui, est resté fixe ! À la fin de cette période, l’installation sera cédée aux habitants qui continueront à bénéficier de la chaleur. « Cette durée a été choisie puisque nous avons considéré que la centrale serait amortie au bout de dix ans. Mais cela a été possible uniquement, car il y a eu 60 % d’aides de la région. »
En chiffres
Ardelaine
– 25 m² de capteurs solaires thermiques (16,3 kW de puissance). Deux ballons, 900 et 500 litres. Mise en service 2020.
– Coût total du projet : 74 090 euros HT (photovoltaïque compris, 30 kWc).
– Consommation de gaz avant projet : autour de 67 000 kWh par an. Aujourd’hui, 27 % de la consommation (environ 18 000 kWh) est couverte par les capteurs thermiques.
Préau des Colibris
– 15 m² de capteurs (6 kW de puissance). Un ballon de 600 litres. Mise en service 2018.
– Le solaire a couvert, sur la saison 2022/2023, 41 % des besoins en eau chaude sanitaire et chauffage (11 417 kWh de production solaire, 16 182 kWh de consommation gaz).
– Coût du projet thermique : 15 440 euros TTC, dont 9 640 euros d’aides de la région.
Pour aller plus loin : Lire « Le guide du solaire thermique citoyen sur bâtiments », publié par Énergie partagée.