Stratégie
L’énergie citoyenne : un atout pour les territoires
Quarante centrales villageoises ont été créées depuis 2010 sous la houlette d’Auvergne Rhône-Alpes Énergie Environnement, suite à une expérimentation menée dans les cinq parcs naturels régionaux de Rhône-Alpes. 250 installations photovoltaïques en service à ce jour produisent annuellement 3 GWh d’électricité.
« L’expérimentation des centrales villageoises a permis de mettre au point un modèle, structuré autour de la mise à disposition d’outils (statuts types, modèles de cahiers des charges, etc.) et de services mutualisés (police d’assurance, comptabilité, etc.), afin que d’autres territoires puissent mettre en œuvre une démarche similaire », raconte Noémie Poize, chargée de mission à Aura-EE (Auvergne Rhône-Alpes Énergie Environnement). Et la démarche a essaimé bien au-delà de Rhône-Alpes. Si 21 centrales villageoises, représentant plus des trois quarts de la puissance installée, résident sur le territoire rhônalpin, 19 sont situées en Paca et Bourgogne-Franche-Comté, dans le Grand-Est, mais aussi, pour la dernière d’entre elles, en Occitanie.
L’ANCV prend le relais
L’animation d’un tel réseau ne pouvait reposer indéfiniment sur les épaules d’Aura-EE : l’Association nationale des centrales villageoises (ANCV) a été créée en 2018 afin de prendre le relais. Un relais soutenu par Aura-EE sous la forme d’une convention de transfert de compétences, mais aussi via une mission de six mois destinée à trouver un modèle économique viable pour le travail d’animation et d’ingénierie que l’ANCV devra porter. Elle a été confiée à Olivier Marin, salarié à temps partiel d’Aura-EE jusqu’à fin juillet.
Ce jeune ingénieur hydraulicien, administrateur de la centrale villageoise du Solaret, en Savoie, entrevoit plusieurs pistes alors que sa mission s’achève. Parmi elles, l’adhésion de collectivités locales à l’association, pour le moment financée par les cotisations des 40 centrales villageoises et du conseil régional Auvergne Rhône-Alpes. « Sans association nationale, de nouvelles centrales villageoises auront du mal à voir le jour, explique-t-il. Sans son impulsion, son travail d’animation, le montage pas à pas du modèle économique, ses guides, ses aides au montage financier et pour trouver l’expertise comptable, les bénévoles à l’initiative de projets locaux ne tiendront pas la distance. Or, un projet de centrale villageoise génère de la richesse non délocalisable. Depuis 2014, nous avons calculé que sur six millions d’euros investis par les centrales villageoises, quatre l’ont été sur les territoires, via le travail confié à des artisans locaux, notamment pour l’installation des panneaux photovoltaïques. »
En 2019, pour un budget de 100 000 euros, l’association devrait générer, d’après ses calculs, 2,2 millions d’euros d’investissements sur les territoires (sur un total de 4 millions). « Un euro dans l’association, c’est donc 20 euros d’investis localement : les collectivités locales ont tout intérêt à nous soutenir en adhérant », conclut-il. Sans oublier qu’une centrale villageoise permet d’atteindre les objectifs de transition énergétique que se fixent les communes ou groupements de communes.
Et demain ?
Spécialisé pour le moment dans le photovoltaïque de petite taille, le réseau se penche depuis quelques mois sur la maîtrise de l’énergie, via les certificats d’économie d’énergie et ne s’interdit pas de tâter d’autres énergies renouvelables. Il ressemblera alors à son grand frère, Énergie partagée, dont les 101 installations d’énergie citoyenne produisent annuellement 836 GWh. Gageons que la mutualisation animera la fratrie, plus que la concurrence.