Initiatives
Les calories des eaux usées pour alimenter le réseau de chaleur
Une boucle d’eau tempérée utilisant les calories des eaux usées alimentera en chaleur et en froid la nouvelle ZAC de la Saulaie, au sud-ouest de la métropole de Lyon. Les bâtiments neufs de ce quartier verront leurs besoins en chaleur et en froid comblés par des pompes à chaleur en pied d’immeuble fonctionnant à l’électricité renouvelable.
Lorsque la Métropole de Lyon a décidé d’aménager la friche urbaine de la Saulaie en nouveau quartier, la question de l’alimentation en chaleur des bâtiments s’est posée. Le raccordement au réseau de chaleur existant était une option. Cependant, cette zone d’aménagement concerté (ZAC) située à Oullins-Pierre-Bénite bénéficie d’un collecteur d’eaux usées quelques centaines de mètres plus loin. L’occasion pour la collectivité de développer un projet de « cloacothermie », une des variantes des boucles d’eau tempérée.
Ce procédé consiste à récupérer les calories des eaux usées, comprises entre 15 et 25 degrés, grâce à un échangeur de chaleur. « Le hasard fait que la ZAC est proche d’un collecteur d’eaux usées. Utiliser ces calories pour notre réseau de chaleur était le plus vertueux et le moins cher », explique Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président de la Métropole de Lyon, délégué à l’Énergie et au Climat.
8,5 GWh de chaleur et 3,3 GWh de froid
La centrale aura une puissance de 5 MW de froid et 3 MW de chaud. Un nouveau réseau de 2,5 km acheminera l’énergie récupérée des eaux usées vers 26 points de livraison correspondant aux îlots de la ZAC et appelés sous-stations. Ces dernières seront équipées de pompes à chaleur (PAC) et/ou de thermofrigopompes (TFP) qui permettront aussi d’ajuster la température. Au total, le réseau délivrera 8,5 GWh de chaleur chaque année pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire et 3,3 GWh de froid en été. Cela représente l’équivalent des besoins de 1 000 logements. « Ce réseau chauffera notamment des bâtiments publics et tertiaires, une piscine, une mosquée… », précise Philippe Guelpa-Bonaro.
Des PAC en complément
Le projet initié en 2021 a été officiellement lancé en juin 2023. D’un coût total de 20 millions d’euros, ce nouveau réseau de chaleur a bénéficié d’une aide de l’Ademe de 7,7 millions d’euros au titre du Fonds chaleur, la Métropole de Lyon finançant le reste. Le prix de la chaleur n’est pas encore fixé. « Cela dépendra des prix du marché lors de la mise en service de la centrale, mais l’objectif est d’être 5 % moins cher qu’un système traditionnel au gaz », assure Philippe Guelpa-Bonaro.
Les PAC (et TFP) permettront de compléter les besoins en énergie en relevant la température pour couvrir les besoins de chaleur ou en l’abaissant pour satisfaire les besoins de rafraîchissement. L’électricité nécessaire à leur fonctionnement sera produite via une centrale hydraulique située dans la région. « On achètera l’électricité renouvelable en circuit local. Car on cherche à avoir le plus de solutions vertueuses », promet Philippe Guelpa-Bonaro. Toutefois, près des trois quarts de la chaleur fournie seront assurés par l’énergie fatale issue des eaux usées. Au terme du développement de la ZAC, 1 589 tonnes de CO2 seront évitées annuellement. La centrale elle-même devrait être mise en service fin 2026.