Le tour de la question

Les maires face à la transition énergétique

Les élections municipales pointent leur nez et avec elles, cette question : quel est le véritable pouvoir des maires pour accélérer la transition énergétique ? La réponse diffère en zones rurales et urbaines.

PAR GéRALDINE HOUOT - FéVRIER 2020
Dominique Gros, maire de Metz et vice-président de l’association Amorce ©Ville de Metz

À la campagne, du foncier à disposition

Pour les petites communes, le moyen le plus simple et le plus efficace est d’agir sur leur propre patrimoine, d’abord en réduisant les consommations d’énergie. Elles peuvent ensuite investir dans des moyens de production d’énergies renouvelables (EnR) comme des panneaux solaires en toiture ou des chaufferies bois. Des projets éoliens ou de méthanisation sont également possibles, le foncier étant disponible. « Ce sont des projets plus ambitieux, qui doivent être portés collectivement, pour trouver des terrains où les développer et favoriser leur acceptation sociale et leur financement, explique Guillaume Perrin, chef du service EnR à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). Proposer aux citoyens d’investir représente une bonne solution. »
Cet apport peut suffire à boucler un financement lorsqu’il s’agit de petits projets, en complément d’aides de l’Ademe, de la région, voire de l’Europe. Pour les grandes installations, les appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) représentent quant à eux un vrai soutien. « C’est pour les installations de taille intermédiaire que c’est le plus difficile, les capacités d’emprunt des communes étant limitées. L’équilibre financier peut être trouvé grâce à la signature de contrats d’achat de l’énergie avec d’autres communes ou des acheteurs privés », poursuit le chef du service EnR.
Investir via l’intercommunalité représente également une possibilité intéressante, même si elle contraint les communes. « Il faut trouver un subtil équilibre entre les deux échelles », affirme Guillaume Perrin. Les syndicats d’énergie locaux sont enfin une ressource fortement recommandée par la fédération. Les services rendus vont du simple conseil sur le financement ou la partie technique, à la prise de compétence de la maîtrise d’ouvrage via une société d’économie mixte locale (SEML) ou une société publique locale (SPL).

En ville, une autonomie difficile

En ville, s’il est possible de réduire les consommations et développer l’utilisation du solaire en toiture, de la biomasse ou encore de la chaleur fatale pour alimenter un réseau de chaleur, la production d’énergie ne peut être suffisante pour atteindre l’autonomie, faute de foncier et en raison d’une forte demande. Pour verdir leur mix, les maires peuvent avoir recours à des garanties d’origine ou signer des contrats d’achat de l’énergie. « Il est nécessaire de créer un lien fort entre les villes et les campagnes pour assurer une bonne redistribution de l’énergie des villages vers les centres urbains», estime Guillaume Perrin. « Des alliances de territoires sont nécessaires », confirme Dominique Gros, maire de Metz et vice-président de l’association Amorce. L’acceptabilité sociale passe par le recours à des cabinets spécialisés en communication ou d’assistance à maîtrise d’usage, et par une collaboration étroite entre les services de l’énergie de la mairie et ceux de l’urbanisme. « Cela permet d’optimiser un réseau de chaleur par exemple, commente Guillaume Perrin, ou de s’assurer de la cohérence de l’installation de panneaux solaires avec les règles d’urbanisme. »

Cas concret à Metz

Le maire de la ville, Dominique Gros, identifie quatre leviers importants, pour les maires, en faveur de la transition énergétique :

  • Le développement des transports en commun et des modes de circulation doux ;
  • Le développement des réseaux de chaleur. Celui de Metz alimente 45 000 équivalents logements et il est géré par la commune via une SEM (UEM, ex-Usine d’électricité de Metz). Il est alimenté par de la biomasse, ainsi que par la chaleur de récupération de l’UVE, qui couvrent au total deux tiers des besoins ;
  • La construction de bâtiments à haute qualité environnementale et la réduction de la consommation des bâtiments communaux existants ;
  • Les aides aux particuliers pour réduire leur consommation énergétique et les conseils prodigués en ce sens par les Agences locales de l’énergie et du climat (Alec).

Metz investit également dans la production d’électricité : une centrale solaire à Marseille, des petites centrales hydrauliques, des champs éoliens… « Il y a une véritable méconnaissance de la part des maires du domaine de l’énergie, estime Dominique Gros, alors qu’il y a de forts enjeux locaux. Les élus doivent s’approprier cette compétence au même titre que celle des routes par exemple. La SEM permet de tout contrôler, le prix comme le plan de développement. »

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