Stratégie

Lorient Agglomération : bateaux à hydrogène

Lorient Agglomération entame la conversion de sa flotte de navires en investissant 7 millions d’euros dans l’hydrogène. Deux projets sont prévus et la collectivité étudie avec d’autres acteurs une offre d’avitaillement en hydrogène sur le port de Lorient.

PAR ARNAUD WYART - OCTOBRE 2021
Bateau Les Deux Rives qui assure le transport urbain sur la rade de Lorient. ©Lorient Agglomération

Déjà très engagé dans le développement des énergies renouvelables (biométhane, photovoltaïque, éolien, etc.), le conseil communautaire de Lorient Agglomération en région Bretagne, a voté mi-2021 un budget de 7 millions d’euros dédié à la conversion de ses navires de transport de passagers vers la technologie hydrogène. La collectivité entend ainsi entamer la décarbonation de sa flotte, très vieillissante et l’adapter à l’évolution des besoins. L’affluence dans la rade de Lorient est en effet de plus en plus forte, avec plus de 900 000 passagers en 2020 (contre 350 000 en 1995). Un chiffre qui devrait rapidement dépasser le million. Pour la collectivité, ce budget permet également de saisir une nouvelle opportunité économique et de poursuivre son travail de territorialisation des capacités de production d’énergie. Deux opérations sont à l’étude. « La première concerne le rétrofit de l’Ar Vag Tredan, un bateau électrique datant de 2014 et en arrêt technique depuis 2019. Celui-ci fait appel à la technologie des supercondensateurs à charge rapide, mais il est inutilisable. Nous avons en effet rencontré un défaut technique qui n’a pas pu être résolu et ce type de supercondensateur n’est plus fabriqué. L’objectif consiste à remettre ce bateau en service en utilisant la technologie hydrogène. Nous allouons pour cela une enveloppe de 2 millions d’euros. Une seconde enveloppe de 5 millions d’euros sera quant à elle consacrée à la construction d’un bateau à hydrogène neuf, mais nous ne connaissons pas encore les détails et les coûts précis des projets », explique Bruno Paris, vice-président de Lorient Agglomération, en charge de la transition écologique.

Coûts et investissements

Si la collectivité entend finaliser les deux projets fin 2023, des choix stratégiques doivent encore être pris et plusieurs contraintes levées, notamment l’adaptation des pontons. « Nous avons deux possibilités : les bateaux peuvent être rechargés à partir de racks – des réservoirs – d’hydrogène. Dans ce cas, il suffit de mettre en place une permutation des racks, sans besoin spécifique en matière d’adaptation du site, hormis l’aménagement d’une voie d’accès pour les camions. On peut également envisager le ravitaillement flexible de réservoirs embarqués. Il faudra alors prévoir un aménagement permettant d’assurer la sécurité du processus. À ce titre, un certain nombre d’acteurs pourrait être intéressé par l’installation d’une station de ravitaillement en hydrogène, auquel cas les capacités des pontons devront être adaptées à la taille des bateaux qui viendraient alors se ravitailler », précise Bruno Paris. Tout un travail de réflexion est ainsi mené autour de la mutualisation des projets, mais aussi du cofinancement des équipements et des infrastructures (par des entreprises privées, des collectivités, etc.). Toutefois, bien que l’initiative s’inscrive dans la politique menée par la Région Bretagne en matière d’hydrogène, la minorité siégeant au conseil communautaire s’interroge sur les coûts et les investissements liés à la technologie hydrogène. « Ces questions sont légitimes. Le marché est en phase d’amorçage. Le prix du kilo d’hydrogène peut donc paraître cher et les investissements importants. Toutefois, il n’existe pas de réelle levée de bouclier dans notre territoire et les habitants ne montrent pas de réticences, d’autant que les projets n’impactent pas leur quotidien comme pourraient le faire des éoliennes ou des méthaniseurs », conclut Bruno Paris.

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