Le tour de la question
Panneaux photovoltaïques : en route pour le réemploi
Contrairement à une idée reçue, les panneaux photovoltaïques se recyclent en fin de vie, à plus de 90 % quand ils sont correctement collectés. C’est la mission de Soren, l’éco-organisme de la filière : collecter, réemployer et recycler les panneaux mis sur le marché et intégrer des matières recyclées dans leur fabrication. Résultats et perspectives avec son directeur général, Nicolas Defrenne.
Avec 14 millions de panneaux photovoltaïques mis sur le marché français, 2023 est une année record (10 millions en 2022, soit 235 000 tonnes) qui rejaillit sur Soren (ex PV Cycle), l’éco-organisme chargé de la collecte, du réemploi et du recyclage des panneaux, selon le principe de la responsabilité élargie du producteur. Agréé par l’État depuis 2015, il reçoit les éco-contributions payées par les fabricants et distributeurs pour chaque panneau installé sur le territoire (6 millions d’euros en 2023), qu’il reverse aux opérateurs de collecte et de préparation en vue de leur recyclage ou de leur réutilisation. Rassemblant 489 adhérents, Soren, entreprise à but non lucratif, est dirigée par un conseil d’administration composé de fabricants, d’installateurs et de recycleurs.
90 % recyclables
« Environ 90 % des matières contenues dans un panneau sont recyclables, précise Nicolas Defrenne, directeur général de Soren, selon sa technologie de fabrication, silicium cristallin ou couche mince, et son état. Un prédémantèlement semi-manuel est effectué à l’arrivée des panneaux sur l’un de nos cinq sites de traitement partenaires, pour retirer les câbles et boîtiers de jonction ainsi que le cadre aluminium, puis ils sont broyés. La séparation des matières se fait de façon automatique : séparation aéraulique pour les plastiques, aimant et courant de Foucault pour les métaux, densitométrie pour le verre… Il existe aujourd’hui 281 points d’apport où nous avons collecté 5 000 tonnes de panneaux en 2023.
À l’heure actuelle, nous sommes en sous-collecte par rapport à nos objectifs fixés par décret, après avoir été excédentaires au début de l’agrément. Une filière illégale de traitement et export de panneaux usagers se développe, hélas, que les services des douanes tentent de démanteler. Nous devrons plus communiquer auprès des détenteurs de panneaux en fin de vie à l’avenir pour expliquer l’organisation de la filière de recyclage, mais également de réemploi, sujet numéro un des prochaines années. »
2 % de réemploi
C’est un point sur lequel l’éco-organisme doit particulièrement se pencher pour atteindre les objectifs de son réagrément (2021/2027) : au moins 82 % des panneaux collectés doivent être recyclés ou réutilisés. Mais au moins 2 % des panneaux mis en marché doivent être réemployés ou réutilisés. « Nous lancerons dans les prochaines semaines un appel à projets pour la création d’unités de réemploi, avec un soutien de Soren à l’investissement – une unité de test coûte environ 120 000 euros – et à la tonne réemployée ou réutilisée, de 7 à 10 euros, précise le directeur. S’ajoutera un soutien à la formation sur le réemploi, notamment pour les acteurs de l’Économie sociale et solidaire. L’idée à terme étant de créer un label et une traçabilité qui n’alourdisse pas démesurément la tâche des metteurs en marché tout en permettant de suivre le destin des panneaux en fin de vie. »
Autre chantier, celui de l’utilisation de matières issues du recyclage dans la fabrication des panneaux neufs. L’écomodulation (réduction et pénalités), basée également sur la réduction de la consommation d’argent et le bilan carbone des panneaux mis en marché, sera sensiblement renforcée en 2025.