Parcs éoliens citoyens en série

Sur le territoire des Mauges, en Anjou, les projets de parcs éoliens citoyens se développent avec succès. Aujourd’hui, pas moins de quatre parcs sont en effet gouvernés par des habitants : le parc de la Jacterie, celui de l’Hyrômes, ainsi que les parcs de Mauges Éole Les Grands Fresnes et de La Grande Levée. Des initiatives en lien direct avec les particularités de ce territoire habitué à placer les habitants au cœur des prises de décision et à mettre en avant les valeurs du partage et de l’entraide. À ce titre, les citoyens se réunissent d’abord sous forme d’associations telles qu’Atout vent, créée en 2011, et qui sont souvent à l’origine des projets. « Il existe ici une culture très égalitaire, notamment en termes de salaires et de revenus. En outre, nous nous sommes rapidement rendu compte que si les citoyens n’étaient pas mis au cœur des réflexions et de la dynamique sur les questions de transition énergétique, le risque était de rater le train en marche. Plus les gens sont impliqués dans les projets et plus ils sont confrontés à la réalité. Les citoyens nous rejoignent souvent par conviction et ils prennent rapidement conscience des enjeux. Cela nous amène à avoir une vision d’ensemble des choses à faire qui, à mon avis, est plus fine et plus pertinente. Si l’on s’engage très concrètement et que l’on partage le plus possible l’administration des projets éoliens, les actions menées sont beaucoup plus efficaces », explique Stéphane Bouju, président de l’association Atout vent et administrateur du parc éolien de l’Hyrôme. Lorsque des collectifs citoyens expriment le souhait de développer ou de racheter localement un parc à des acteurs privés (comme ceux de la Jacterie et de l’Hyrôme), les associations comme Atout vent se chargent, en fonction du contexte, de porter la communication, de fédérer les acteurs et de définir les modalités d’investissement citoyen.

Associer élus et citoyens

Les citoyens engagés, eux-mêmes issus de ces associations, se regroupent ensuite dans des sociétés à actions simplifiées (SAS) comme Cit’éole, qui a acheté le parc de l’Hyrôme. La clé du succès des projets repose dès lors sur le respect de l’autre et le partage des tâches. Pour cela, chacun doit trouver sa place dans la gouvernance, que cela concerne la production, les aspects économiques ou autres. Ces sociétés de projet mettent également souvent en place des partenariats avec des structures telles que la société d’économie mixte locale (SEML) Mauges énergies, dont la création a offert la possibilité à la collectivité Mauges Communauté de cofinancer les parcs de l’Hyrôme et de Mauges Éoles Les Grands Fresnes (lire encadré). « Cette structure permet de mettre en œuvre notre manière de nous investir sur le sujet des énergies renouvelables. Les sociétés de projet, elles, sont partenaires pour porter les investissements, avec des habitants locaux et d’autres, plus éloignés, via le réseau Énergie partagée », précise Luc Pelé, président de Mauges énergies. À ce titre, l’engagement des élus locaux permet de rassurer les investisseurs. « Nous avons la chance d’avoir des élus qui étaient en pointe sur les sujets de transition et ce, bien avant les habitants. Il n’a pas été nécessaire de les convaincre », ajoute Stéphane Bouju. Après la mise en service des parcs, les associations et les sociétés de projet restent également très actives, notamment via des initiatives de sensibilisation et des actions locales : financement de kits d’économie d’énergie, organisation de conférences sur les enjeux du changement climatique, mise en place de fresques climat, etc. En termes d’acceptabilité, le modèle mis en œuvre sur le territoire semble fonctionner puisque, depuis 2013, aucun recours n’est venu ralentir le développement des projets.

Pour en savoir plus sur ces projets, lire Le Journal de l’éolien n° 46, avril-mai-juin 2022 :
https://www.journal-eolien.org