Le tour de la question
Photovoltaïque : comment gérer l’afflux d’électricité ?
Afin d’absorber le surplus d’électricité lié aux énergies renouvelables, l’opérateur du réseau de distribution Enedis va rendre le réseau plus flexible. Une expérimentation a débuté dans les Landes, un département qui connaît une forte croissance des installations photovoltaïques.
Les Landes sont particulièrement dynamiques en matière de photovoltaïque. Alors que le département produisait seulement 1 % de sa consommation d’électricité il y a dix ans, la part est aujourd’hui de 30 % grâce au solaire uniquement. Avec 8 800 producteurs (dont 95.% concernent des petites installations sur toiture), en croissance annuelle de 12 %, les Landes sont même le deuxième département pour la production d’électricité photovoltaïque derrière la Gironde. Mieux, le futur schéma régional de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR) prévoit l’émergence de projets qui permettront au département de couvrir 100 % de sa consommation en 2030. Cependant, le développement de ces nouveaux gisements constitue une réelle problématique pour Enedis, l’un des deux gestionnaires du réseau. « RTE, l’opérateur du réseau de transport, prend en charge ce que j’appellerais les autoroutes de l’électricité et Enedis se concentre sur les routes et les chemins. Le point frontière est constitué par les postes sources, qui abritent les transformateurs. À partir de ces postes, nous prenons le relais pour aller jusque chez les clients », explique Christophe Cres, directeur territorial Enedis des Landes, avant d’ajouter : « Auparavant, Enedis gérait essentiellement des flux descendants, mais nous devons désormais prendre en compte de nombreux flux ascendants. Si les grandes centrales (hydrauliques, nucléaires, etc.) sont davantage raccordées au réseau RTE, les centrales d’énergie renouvelable, plus locales, sont à 95% raccordées au réseau Enedis. »
Jouer sur la flexibilité des postes sources
Actuellement, les postes sources sont en mesure d’absorber l’électricité provenant de toutes les installations solaires. Toutefois, selon une étude réalisée par Enedis, à partir d’une augmentation de 25.% tout au long de l’année, l’injection d’électricité sera trop importante et les transformateurs devront être renforcés. Les premiers écrêtements de production sont prévus dès 2022. « Il n’y pas vraiment de soucis de dimensionnement de réseau pour les petites installations, d’autant que les lieux de production sont proches des lieux de consommation. En revanche, les grosses centrales solaires au sol, souvent installées dans le nord du département et dans des zones rurales, en sont assez éloignées. » Néanmoins, le risque de sur-injection ne concernera que 10 à 80 heures dans l’année, pendant l’été, entre 12h et 14h. C’est la raison pour laquelle Enedis a décidé de tester un levier d’optimisation, plutôt que d’installer de nouveaux transformateurs, qui, eux, seront déployés plus tard. Baptisé Reflex, celui-ci consiste à augmenter immédiatement la capacité des postes sources en demandant aux producteurs photovoltaïques, nouveaux et anciens, raccordés au réseau haute tension 20 000 volts d’Enedis, d’arrêter leur activité pendant les heures critiques. « Nous allons installer des automates chez ces clients et gérer en temps réel leur production. Notre agence de conduite procédera aux mouvements sur le réseau afin d’éviter la sur-injection. L’avantage, c’est qu’avec le même transformateur, nous allons pouvoir accélérer les raccordements et accueillir beaucoup plus d’énergie renouvelable. » Également déployé dans le département de la Somme et prochainement dans d’autres territoires, le projet Reflex a débuté en mars dernier pour une durée de deux ans. En cas de réussite, il sera ensuite généralisé.