Portrait
Pierre Leroy, un élu qui change tout
Briançonnais par choix depuis près de quarante ans, Pierre Leroy est maire de Puy-Saint-André, vice-président de la communauté de communes du Briançonnais et président de l’Association du pays du Grand Briançonnais des Écrins au Queyras. Un engagement écologiste non partisan, conforté par les leviers de l’action locale et par les bouleversements que vit ce territoire de montagne.
C’est pendant un voyage en auto-stop, à 18 ans, que Pierre Leroy, natif de Vendée, découvre la beauté du Briançonnais. Il s’y installe un an plus tard, comme berger, puis comme moniteur éducateur, tout en faisant des études d’infirmier, pour devenir cadre de santé, ce qu’il est toujours. Militant écologiste, il lance avec quelques amis en 2007 une initiative citoyenne en vue des élections municipales pour réfléchir à ce que les habitants voudraient faire de leur village. Elle se transforme en liste citoyenne, élue au premier tour avec 65 % des voix à Puy-Saint-André. « Après avoir beaucoup milité contre des projets inutiles, j’avais envie de m’engager pour quelque chose. »
Énergie publique, citoyenne, renouvelable et locale
Au programme, notamment, une « production d’énergie publique, citoyenne, renouvelable et locale ». C’est en 2011 que naît la SEVE (Soleil Eau Vent Énergie). Cette SEM associe citoyens et collectivité locale : « une première en France ». Destinée à investir dans des projets d’énergie renouvelable, la société installe rapidement des panneaux photovoltaïques sur un toit, puis plusieurs… Seize aujourd’hui, ils seront 21 l’an prochain, dans un périmètre qui s’est élargi à la communauté de communes. La production d’énergie renouvelable est associée à un important chantier de sobriété énergétique impulsé à l’échelle du pays du Grand Briançonnais : à la fin du premier mandat de son équipe, la consommation d’énergie des bâtiments et du réseau d’éclairage publics avait baissé de 30 % à Puy-Saint-André.
Les leviers de l’action municipale
Pour les municipales de 2014, la question se pose : « on repart ou pas ? » Forte de l’expérience sur les leviers de l’action municipale pour changer la donne, l’équipe est réélue à 85 %. Cette deuxième phase est l’occasion de la révision du PLU, sur la base de douze ateliers de travail qui réunissent chaque mois les habitants.
Parmi ses projets, un très original – en France – système de turbinage des conduites d’eau potable, qui gravitent ici depuis les sommets : le dispositif pourrait être mis en service sur la commune voisine de Saint-Martin-de-Queyrières en 2020. Des ombrières photovoltaïques devraient aussi être installées sur les parkings de stations de ski ou de supermarchés, « si la CRE et les tarifs d’achat le permettent », précise l’élu, qui a également dans son portefeuille l’installation de micro-éoliennes au milieu des remontées mécaniques.
Un leitmotiv : l’autonomie
« Ici, nous sommes au cœur de l’effondrement géophysique », explique l’élu, « avec de nombreux glissements de terrain dus au réchauffement climatique. Certains villages sont coupés du monde dans le Briançonnais : notre territoire est un laboratoire pour une autonomie impérative tout en restant ouverts sur l’extérieur. »
Ces maires qui changent tout
C’est le titre de l’ouvrage de Mathieu Rivat paru chez Actes Sud en 2017. Il retrace le parcours de six élus de territoires ruraux, comme Puy-Saint-André et Trémargat (Côtes-d’Armor), périurbains : Loos-en-Gohelle (Nord) et Ungersheim (Haut-Rhin) et de métropoles (Paris et Grenoble). L’écologie et les énergies renouvelables y tiennent une bonne place, mais aussi la participation citoyenne. « La transition écologique ne se fera pas sans transition démocratique », confirme Pierre Leroy.