Le tour de la question
Plan de mobilité simplifiée : comment le mettre en place ?
Depuis 2019, les territoires ruraux et villes moyennes peuvent mettre en œuvre un Plan de mobilité simplifiée. L’idée ? Organiser une concertation avec les habitants et différents acteurs pour mener à bien des initiatives autour de la mobilité. Explications et exemple avec la communauté de communes de l’Ernée.

« Innover, fédérer, concerter et créer des synergies entre la politique de mobilité et les autres politiques publiques notamment d’urbanisme, en lien étroit avec l’environnement, la santé ou la politique sociale »… Tel est l’objectif du Plan de mobilité simplifiée, comme le souligne le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cérema) dans un guide méthodologique sur le sujet. C’est la loi d’orientation des mobilités qui l’a instauré en 2019 pour les autorités organisatrices de la mobilité de moins de 100 000 habitants, remplaçant ainsi le Plan de mobilité rurale. L’objectif est que ce plan se construise dans un cadre de démarche partagée, avec les habitants et différents acteurs du territoire. « Son cadre juridique est volontairement limité afin de permettre une souplesse dans sa déclinaison et une grande adaptabilité aux enjeux de chaque territoire », précise ainsi le Cérema. C’est ainsi que la communauté de communes de l’Ernée, en Mayenne, le pense actuellement. « Nous sommes un territoire très rural, avec aussi plusieurs industries agroalimentaires notamment. Notre ville principale, Ernée, est traversée par une route nationale très passante », explique Loïc Quentin, responsable du pôle environnement. Proche de la Bretagne et la Normandie, la communauté de communes de l’Ernée est finalement assez désaxée de sa région administrative, les Pays de la Loire. « Il y a peu de transports en commun ; les entreprises peinent à recruter, et ce entre autres à cause d’un déficit de mobilité. »
Pistes d’action en milieu rural
De 2018 jusqu’à l’approbation en 2021, la communauté de communes a tout d’abord travaillé sur son plan climat-air-énergie territorial PCAET. « La problématique de la mobilité, avec notamment la question des alternatives aux véhicules individuels, est ressortie comme un enjeu important des différents ateliers organisés avec la population en 2019 », indique Floriane Bekri, chargée de mission transition écologique et mobilités durables. Une fois le PCAET voté, la collectivité s’est ainsi attelée à son plan de mobilité simplifié avec un territoire voisin, la communauté de communes du Bocage mayennais, qui rencontre le même type de problématiques. « Aidés par un bureau d’études, via une enquête à destination des élus, des habitants et des acteurs économiques et institutionnels, nous avons commencé par établir un diagnostic. Ensuite divers ateliers ont été organisés pour travailler sur les souhaits de la population. Il est ressorti qu’il y avait finalement peu d’alternatives à l’utilisation de la voiture puisque les cars et/ou bus ont une fréquence trop peu importante et ne coïncident pas avec les horaires de travail », poursuit Floriane Bekri. Plusieurs pistes d’action sont donc sur la table : établir un schéma directeur cyclable définissant une politique de développement du vélo et les investissements nécessaires pour le rendre crédible pour les déplacements quotidiens, ajuster la fréquence des lignes régulières de bus et cars, sensibiliser à l’existence d’Aléop – un service régional existant de transport à la demande peu connu –, réfléchir au covoiturage en ayant des aires identifiées et peut-être à terme des lignes organisées. « Dans tous les cas, nous faisons remonter ces pistes à la Région et au Département, avec lesquels nous travaillons en concertation », précise Loïc Quentin. Le vote du plan d’actions devrait avoir lieu en juillet 2022.
La « comcom » de l’Ernée en chiffres
La communauté de communes de l’Ernée compte 15 municipalités, comptant au total 20 000 habitants. La plus grande d’entre elles, Ernée, abrite 6 000 habitants.