Décryptage
Prise de compétence mobilité : l’expérience du Pays du Lunévillois
Ce territoire a été le premier pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) à prendre la compétence mobilité en 2018. Objectif ? Que chaque habitant ait une solution de mobilité à sa disposition. Pour cela, différentes actions ont été déployées.

Au 1er avril 2022, 100 % du territoire français était couvert par une autorité organisatrice de la mobilité (AOM) locale. La loi d’orientation des mobilités (LOM), publiée fin 2019, a favorisé la prise de compétence mobilité par les intercommunalités de territoires peu denses, avec l’objectif de proposer une offre de mobilité alternative à l’usage individuel de la voiture. Quelques mois avant, faisant alors figure de pionnier, le PETR du Lunévillois prenait cette compétence. « Nous étions déjà labellisés Territoire à énergie positive pour la croissance verte, cela s’inscrivait donc dans la continuité, explique Guillaume Cornil, directeur du PETR. Un an avant la prise de compétences, nous nous sommes fait accompagner par deux bureaux d’études sur le sujet, un pour le côté technique et les solutions à mettre en place, l’autre pour l’aspect juridique. »
Définir les besoins
D’abord, le territoire a instauré un versement mobilité auprès des entreprises de plus de 11 salariés. Il touche ainsi 1,5 million d’euros par an. « Au départ, en 2018, nous comptions un animateur mobilité. Aujourd’hui, 2,5 temps pleins sont dédiés : un animateur mobilité, une chargée de mission mobilité douce et un agent de maintenance », détaille le directeur. Pour mettre des actions en œuvre, il a fallu déjà définir les besoins. Ce territoire rural est divisé en deux aires, aux besoins différents : le nord et l’ouest, avec des habitants plus aisés, dont beaucoup vont travailler à Nancy, et l’est et le sud, plutôt sous l’influence de la montagne vosgienne, au niveau de vie plus faible, avec une attente importante en termes de mobilité solidaire. « L’axe de travail est vraiment celui-ci : travailler sur les nouvelles solidarités, avec comme objectif premier de faire baisser l’autosolisme. »
Autopartage électrique
Le pays a créé 20 aires de covoiturage ainsi qu’un réseau de transport à la demande accessible à tous, le Tedibus, depuis les communes vers les bourgs-centres. Autre initiative : la mise en place de véhicules électriques en autopartage, sur l’une des communautés de communes, celle de Lunéville à Baccarat (les deux villes principales). Une voiture est ainsi louable dans chacune des communes du territoire, c’est-à-dire 42 en tout, de une heure à vingt-quatre maximum. « Le temps de réservation moyen est de quatre heures. Les utilisateurs, qui ont entre 30 et 50 ans, parcourent de 1 à 300 km. Nous savons que cela a permis à certains ménages de revendre la deuxième voiture du foyer », développe Guillaume Cornil. Si pour la majorité des bornes, 300 réservations sont réalisées chaque année, 20 % d’entre elles attirent très peu. « Nous réfléchissons à la façon de procéder pour les rendre attractives. On sait que certains habitants appréhendent l’électrique, que d’autres ont des difficultés avec le fait de s’inscrire en ligne au préalable… » Le PETR est actuellement en train de finaliser un service d’autostop organisé, en identifiant un arrêt dans chaque commune. Les conducteurs et passagers pourront s’inscrire et indiquer leurs trajets. « Le maître-mot là, c’est la solidarité, puisqu’il n’y aura pas d’échange financier. Cela fonctionnera plus pour le loisir que pour les trajets domicile-travail. »
Le PETR du Lunévillois en chiffres
4 communautés de communes. 159 communes.
80 000 habitants.
Autopartage électrique : coût 120 000 euros par an, 20 000 euros de recettes.
Pour aller plus loin
Lire « Les Territoires de projet et la compétence mobilité », le guide publié par l’ANPP (l’Association nationale des PETR et des Pays) et le Cerema.