Quels modes de coopération dans les projets d’énergie renouvelable en codéveloppement ?
Dans le cadre du projet de recherche-action CIT’EnR, le laboratoire des sciences sociales Pacte a étudié les projets d’énergie renouvelable associant citoyens, développeurs et collectivités territoriales, pour en comprendre notamment les conditions de réussite. Entretien avec Amélie Artis, coordinatrice du projet et enseignante-chercheuse à l’université Grenoble Alpes, Sciences Po Grenoble.
Quels étaient les objectifs de ce projet de recherche-action ?
Ce projet, lancé en 2019 et clôturé début 2022, avait pour objectif de comprendre et d’apprendre à partir de projets d’énergie renouvelable en codéveloppement, afin d’en dégager de bonnes pratiques de coopération. Pour rappel, un projet en codéveloppement associe la société civile, la ou les collectivités territoriales et un acteur privé-industriel. Ces trois parties prenantes sont impliquées dans le financement et la gouvernance. Nous avons travaillé à partir de la base de données des communautés énergétiques citoyennes d’Énergie partagée, complétée par d’autres sources, puis avons approfondi sur trois projets d’Occitanie via des enquêtes et observations.
Quelles conditions de réussite ont été identifiées ?
Nous pouvons en citer trois. D’abord, les expériences préexistantes (associatives, militantes…) des personnes engagées dans les projets, qui ont déjà l’habitude de coopérer. Ensuite, la phase d’explicitation et de traduction des intérêts, puisque les acteurs viennent d’horizons différents, avec des cultures professionnelles qui ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, il y a aussi un enjeu fort de communication en externe, notamment sur les projets éoliens, afin de pouvoir éliminer ou du moins limiter les recours. Troisièmement, le fait de pouvoir identifier les tensions des uns et des autres. Une tension peut simplement être un changement d’interlocuteur, c’est le cas par exemple avec les fusions-acquisitions chez les industriels. Cela peut perturber la coopération et il faut alors faire en sorte de bien poursuivre ou réinstaurer le dialogue.
Avez-vous identifié des difficultés à surmonter ?
Au-delà de difficultés, nous avons observé des différences entre territoires, avec des terreaux plus ou moins propices. Ainsi, parmi les freins évoqués, figurent le manque de chargé de mission énergie dans les collectivités ou encore le défaut de compétence d’un des partenaires ou élus. Certains acteurs doivent aussi faire face à des injonctions contradictoires entre les collectivités (une Région plus soutenante qu’un Département par exemple). On note aussi des différences entre les façons d’instruire les projets – et donc les décisions finales.
Vous formulez finalement huit recommandations à destination des acteurs impliqués…
Oui, elles sont de plusieurs types et ont été formulées avec les participants : pistes de recherche, diffusion d’outils conçus par CIT’EnR, politiques publiques, processus et espaces pour faciliter les discussions et les rencontres entre projets… Pour cette dernière recommandation par exemple, il pourrait être possible de “former” des médiateurs, de proposer une plateforme visant à stimuler la coopération (entre membres d’un projet ou entre projets) avec des antennes de concertation régionales…
Pour en savoir plus sur les résultats du projet et lire toutes les recommandations, c’est ici.
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