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Rencontres Tepos : Le Mené, dix ans en transition
Les dixièmes rencontres Tepos avaient lieu au Mené, territoire pilote en matière de transition énergétique, à la fin du mois de septembre. L’occasion de revenir sur plus d’une décennie d’actions pour cette communauté de communes désormais commune nouvelle.
Dix ans ou presque. En 2011, les premières rencontres Tepos (Territoires à énergie positive) se tenaient au Mené. Une décennie plus tard, fin septembre, près de 500 acteurs (élus, techniciens, chargés de missions, entreprises privées, représentants de l’Ademe, de l’État…) étaient à nouveau présents sur ce territoire pilote pour échanger sur leurs expériences et co-construire la transition de demain. Le Mené, c’est une communauté de sept communes, marquée depuis les années 1960 par les luttes locales. Les habitants se battaient alors pour maintenir l’emploi dans ce territoire rural des Côtes-d’Armor situé à une trentaine de minutes de Saint-Brieuc. « Il y a toujours eu une ambition du “faire local” et de l’autonomie », estime Jacky Aignel, ancien maire à l’œuvre pendant vingt ans (d’abord à Saint-Gouëno, puis à la commune nouvelle du Mené), qui a passé le relai à Gérard Daboudet lors des dernières élections.
En 2005, Le Mené annonce un objectif d’autonomie énergétique pour 2025. « Nous avons alors parcouru l’Europe pour voir ce qui se faisait ailleurs et nous nous sommes rapprochés notamment de Solagro, puis du Cler [qui a créé le réseau Tepos, ndlr] pour être accompagnés et nous lancer dans divers projets. » Économies d’énergies, méthanisation, éolien participatif, réseaux de chaleur… C’est en tout près de 40 millions d’euros qui ont été investis depuis 2010 dans les différents projets énergétiques, avec autour de 20 % de subventions. « Aujourd’hui, notre production couvre 100 % de notre consommation d’électricité et 40 % de l’énergie totale consommée est produite localement », détaille l’ancien maire.
Et dans dix ans ?
En 2016, la communauté de communes est devenue commune nouvelle avec 6 500 habitants répartis sur 162 km². Désormais, les projets se poursuivent pour tenter d’atteindre l’objectif d’autonomie énergétique. Ainsi, un second parc éolien participatif devrait voir le jour : un million d’euros a déjà été collecté. Côté mobilité, la collectivité planche sur un circuit court du carburant avec Patrick Polleu, agriculteur qui gère la Cuma Menergol (production d’huile de colza). « L’objectif est de récupérer le gaz émis par une fosse à lisier de son exploitation de porcs, sans passer par le réseau de gaz, pour faire rouler des véhicules du territoire avec le bio-GNV produit », explique Kévin Porée, ingénieur autonomie énergétique au Mené. La difficulté : trouver des entreprises partenaires dont les besoins des véhicules soient bien adaptés à la production. « Cela demande forcément un peu d’adaptation et de flexibilité, puisqu’il y aura par exemple moins de production en hiver… » L’une des entreprises qui s’était montrée intéressée a finalement abandonné l’idée, mettant le projet en suspens. Tel est donc l’un des nouveaux défis du Mené, convaincre d’autres partenaires pour produire un carburant local qui limiterait les émanations du lisier et permettrait de diversifier l’activité des agriculteurs.
Quelques chiffres
5,9 millions d’euros de la facture énergétique du Mené retournent sur le territoire (via la vente de l’électricité des producteurs éoliens et photovoltaïques et l’utilisation du bois-énergie).
10 emplois ont été créés, avec notamment une chargée de mission développement durable et un ingénieur autonomie énergétique.